La patrie des frères Werner La Patrie des frères Werner

O rphelins, Konrad et Andreas assistent à l'entrée de l'armée soviétique dans un Berlin à l'agonie. Survivant tant bien que mal les frères ne tardent pas à être enrôlés par la Stasi et le colonel Gronau. Endoctrinés et dévoués au parti et à l'Allemagne de l'Est, ils vont devoir continuer leur chemin chacun de leur côté. Au risque de remettre en cause tout ce en quoi ils ont toujours cru...

À peine un an après Le voyage de Marcel Grob qui avait marqué le monde de la bande dessinée, Philippe Collin et Sébastien Gœthals refont l'actualité. Même conflit, même maquette, même style mais angle et protagonistes différents pour cette nouvelle histoire forte. À travers le parcours de ces deux frangins à l'incroyable destin, ce sont trois décennies qui sont rappelées. D'abord identiques, les routes fraternelles vont s'éloigner pour se croiser lors de la coupe du monde de football de 1974, en RFA. Les auteurs se servent de ces retrouvailles pour opposer les visions, les espoirs et les craintes, les doutes et les rêves. Ces interrogations comme les idéologies qui s'entrechoquent sont amplifiées par le cadre et les courants qui remuent l'équipe phare de l'ouest.

Si l'amateur de ballon rond sourira devant les visages parfaitement croqués de Franz Beckenbauer, Paul Breitner ou Berti Vogts, il sera également saisi par la précision des planches. Les expressions sont réussies et certaines séquences frappantes de réalisme. Une sensation appuyée par des dialogues justes et la conviction dont font preuve les différents protagonistes. L'intelligence du scénario ressort dans la description du questionnement du cadet, qui découvre l'Ouest, son mode de vie et ses richesses, autant que dans le dévouement de l'aîné envers sa patrie quittée depuis de longues années. Souvenirs et présent s'entrecroisent avec fluidité pour asseoir définitivement la tension d'un récit dont le suspense prend à mesure que les pages défilent.

Avec La Patrie des frères Werner, Philippe Collin et Sébastien Gœthals parviennent à se renouveler et surprendre. Une nouvelle réussite pour un duo qui manie à merveille le subtil mélange entre petite et grande histoire.

Moyenne des chroniqueurs
7.0