Jun

Y unsun est plus jeune que son frère, mais c'est à elle de s'occuper de lui. Il ne parle pas beaucoup, non, il vit dans son monde, un monde empli de sensations sonores et régit par des réflexes primitifs. Pendant longtemps, les parents ont refusé de voir la réalité en face et de mettre un mot sur ce comportement étrange et incompréhensible finalement. Néanmoins, qui dit déficience intellectuelle ne signifie pas anormal. Le jeune garçon est un artiste, un autiste. Et alors ?

Comme dans Les mauvaises herbes, Keum Suk Gendry-Kim relate avec délicatesse un destin cabossé dès la plus tendre enfance. Par l'intermédiaire de la sœur, la mangaka coréenne avance dans le récit en évoquant de petits moments de vie choisis de manière pertinente. Ceux ci construisent peu à peu un personnage authentique et atypique qui, grâce au soutien familial, a su s'épanouir et trouver sa voie malgré son lourd handicap. Le talent de narratrice de l'autrice est indéniable, en effet, en évitant tout pathos et en valorisant les choses positives, elle met en évidence les bienfaits de l'approche humaniste du problème de l'autisme et souligne l'importance de la tolérance. Au placard les théories scientifiques ! L'écoute du cœur et du bon sens, ainsi qu'une grosse dose de patience et de don de soi il faut bien le reconnaître, sont les meilleurs moyens pour comprendre et pour aider son prochain, avec ses imperfections.

La simplicité et la naïveté du dessin en noir et blanc illustrent parfaitement le contexte. Associés au cadrage sans chichi et aux quelques pleines pages, ils font de cette histoire une lecture très agréable.

Un ouvrage à la fois poignant et solaire sur la différence qui se fond dans le décor et qui montre que tout être humain recèle un trésor, à chacun de le voir.

Moyenne des chroniqueurs
7.0