Hit the Road

C lyde sort de prison avec une idée en tête : forcer Granny, qui règne en maître sur le monde interlope de Reno, à lui rembourser sa dette. Simultanément, Vicky s’apprête à livrer drogue et argent pour le compte de la mafieuse. Ils ne se connaissent pas, mais leurs destins se croiseront.

Avec Hit the road Dobbs signe un polar aux allures de western ayant pour cadre le Nevada. Dans cette histoire il y a les méchants… et les méchants ; certains se révèlent tout de même plus gentils que d’autres et affichent une sorte de noblesse. Ils ont leur propre code d’éthique, mais c’est néanmoins avec un colt ou leurs poings qu’ils mettent un terme aux discussions et aux malentendus. Les intrigues sont bien ficelées ; les motivations de chacun n’apparaissent pas toujours claires, tout comme les liens qui les unissent. En fait, ce n’est qu'au moment de la chute que tout prend son sens.

La musique joue un rôle non négligeable dans ce récit. En plus de camper l’action dans les États-Unis des années 1960, elle ponctue certaines séquences. Ainsi, lorsqu’une voiture démarre au son de Get Back, il est difficile de ne pas entendre les roulements de tambour de Ringo rythmant la chevauchée. Il demeure par ailleurs amusant de voir la protagoniste se réveiller au son de Wake up little Susie, une balade pop-country des Everly Brothers, alors qu’elle est menottée aux barreaux de son lit. La trame sonore se présente également sous la forme d’onomatopées : les pneus crissent, les os fracturés font « crac » et les mourants « ggnnnnn ».

Les planches de Khaled proposent une alternance de plans d’ensemble dans lesquels se lit la désolation de l’Amérique profonde, véritable matrice du crime et de la violence. Lorsqu’éclate la fureur, la caméra se rapproche pour que le spectateur mesure toute l’intensité des coups et de la douleur. Les femmes sont évidemment mignonnes et les bandits ont des mâchoires carrées pour les séduire. La construction repose sur une abondance de cases étroites occupant toute la largeur de la page. Ces compositions sont très efficaces, elles amènent le bédéphile à décortiquer la vignette plutôt que de l’embrasser comme un tout.

Un bon roman policier, mené intelligemment et respectueux des canons de ce genre littéraire.

Moyenne des chroniqueurs
6.0