Barbe-Rouge (Les nouvelles aventures de) 1. Pendu haut et court !

S eize ans après ses dernières aventures (et près de soixante depuis sa première apparition dans les pages de Pilote), Barbe-Rouge reprend le large pour de nouvelles péripéties. Plans machiavéliques, méchants revanchards et fines manœuvres maritimes souvent désespérées, la poudre parle à nouveau en mer de Caraïbes !

Malgré le hiatus et les marées, Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni proposent une reprise dans la continuité, mêlant tradition scénaristique et une certaine modernité visuelle. L’intrigue démarre sur les chapeaux de roue, alors que le pirate, maintenant corsaire, attend son heure sur l’échafaud. Cette situation exige des explications, celles-ci arrivent sous la forme d’un long retour en arrière narrant les événements des dernières semaines. Malheureusement, la tension baisse immédiatement et la narration prend un rythme de sénateur. Ponctué de récitatifs au style pompeux digne du grand Jean-Michel, le récit se déroule sans réelle surprise, si ce n’est pour les réapparitions de quelques personnages tirés du corpus de la série. Les différents éléments s’avèrent bien en place et se succèdent - s’emboîtent serait plus juste - logiquement pour former un album sentant bon la nostalgie ; c’est sans doute l’effet recherché.

À l’inverse des mots, les illustrations se montrent des plus dynamiques et apportent un peu d’énergie et d’actualité à l’entreprise. Le trait plein de fougue du dessinateur, rappelant celui de Mathieu Lauffray, un autre amateur notoire de la flibuste soit dit en passant, est associé à une mise en scène cinématographique de haut vol et à un souci du détail impressionnant. Navires, costumes, décors naturels, tout est à l’unisson pour offrir un véritable spectacle à la manière des meilleures productions du genre. Dommage cependant que la mise en couleurs aux teintes étrangement sépia assomment quelque peu les planches. Où est donc passée la lumière aveuglante des Tropiques ?

Reboot dans les règles de l’art respectant un peu trop un système narratif devenu désuet, Pendu haut et court ! se démarque néanmoins grâce à l’excellent travail graphique de Stefano Carloni. Suite et fin de l’histoire dans le prochain tome.

Moyenne des chroniqueurs
6.0