Renée Stone (Une aventure de) 2. Le Piège de la mer Rouge

Éthiopie, 1930. La romancière Renée Stone et l’archéologue John Mallowan parcourent le pays d’Hailé Sélassié à la recherche du trésor d’Assurbanipal, un roi assyrien. Ils ne sont pas les seuls à convoiter les richesses, l’agent secret Peter Stanford et le contrebandier Henry de Frick se montrent prêts à toutes les trahisons. Le plus fourbe est certainement le reporter Graham Gray qui rapporte leurs faits et gestes dans les journaux à potins.

Julie Birmant relance son pastiche de roman d’aventures amorcé dans Meurtre en Abyssinie. Ce deuxième opus s’inscrit dans la continuité du premier et la ligne directrice demeure assez simple : un groupe de personnes poursuivant leur eldorado dans une Afrique encore mystérieuse. Pour dire vrai, il ne se passe pas grand-chose dans cet album de transition où la quête progresse à peine. Bien que les personnages soient passablement stéréotypés, l’autrice semble avoir cherché à les étoffer, par exemple en dévoilant des éléments de leur passé, de l’histoire de leur famille et de leur vie privée, mais surtout en complexifiant leurs motivations finalement moins limpides que le bédéphile pouvait le croire. Le ton se veut enjoué, le registre est celui de la parodie et la manière s’apparente à celle du feuilleton avec ses fausses pistes et ses improbables revirements de situation. L’esprit rappelle d’ailleurs un peu celui des films d’Indiana Jones.

Le trait de Clément Oubrerie est volontairement relâché. Le dessin a l’allure d’un crayonné mis en couleur sans vraiment passer par l’encrage et le rendu est d’apparence cendrée, voire salie. Le jeu des comédiens est parfois hésitant et certaines proportions apparaissent étonnantes. Ces imperfections, traduisant probablement une certaine vitesse d’exécution, sont indissociables du charme qui se dégage de ce projet. Les illustrations sont du reste subtilement tramées, comme celles des illustrés d’il y a un demi-siècle. La construction est somme toute classique (malgré les cadres tracés à main levée), l’artiste n’hésite toutefois pas à proposer des vignettes pratiquement triangulaires pour accentuer un point de fuite ou obliques pour épouser la bordure d’une voile ou le déséquilibre d’un acteur dévalant une colline. Mention à la magnifique couverture dans le plus pur style pulp.

Une lecture d’été divertissante qui trouvera sa conclusion dans Le trésor d’Assurbanipal.

Moyenne des chroniqueurs
7.0