San-Antonio 2. Si ma tante en avait

S an Antonio et toute sa bande sont mutés à Ploumanac’h Vermoh, en Bretagne. Un patelin tranquille, un coin où il ne se passe jamais rien. Les limiers sont toutefois rapidement amenés à enquêter sur un marin trouvé noyé dans la mer avec de l’eau douce dans les poumons. Le fait divers, en apparence mineur, cache quelque chose de beaucoup plus gros. Après San Antonio chez les Gones, Michaël Sanlaville s’attaque à Si ma tante en avait.

Il est difficile de s’approprier un univers aussi singulier que celui de Frédéric Dard. La recette est connue : un flic désinvolte, une langue inventive (argot, régionalismes, néologismes, jeux de mots bilingues, etc.), des scènes de sexe invraisemblables et surtout de la rigolade. Mais encore faut-il apprêter tous ces ingrédients. L’auteur n’a pas froid aux yeux. Avec un bel aplomb, il extrait la substantifique moelle du roman et le résultat se révèle pleinement satisfaisant et cohérent.

Son dessin caricatural et un brin déjanté se marie bien à l’oeuvre du romancier pour qui tout se joue dans l’excès. Ses personnages ont du caractère. Au héros, il donne une bouille semblable à celle d’Alain Delon jeune ; au fil du récit apparait l’évocation d’un Renaud toujours dans la fleur de l’âge, puis celle d’une Brigitte Bardot énorme, vieillissante et libidineuse. La construction se montre créative et dynamique, particulièrement les cases qui sont fréquemment incurvées ou obliques, voire carrément ondulées lorsqu’elles accueillent un navire dans la tempête. L’artiste s’amuse enfin à remplir ses vignettes ; souvent les acteurs y semblent à l’étroit, un peu comme s’ils souhaitaient en déborder, ce qui, du reste, arrive à l’occasion, tout comme un phylactère obèse peut s’imposer et modifier le contour du cadre.

Une agréable adaptation où la forme et le fond rappellent le travail de l’écrivain décédé en 2000.

Moyenne des chroniqueurs
6.0