Androïdes (Soleil) 8. Odissey

2095, un palace de luxe en orbite autour de la Terre accueille le 120e sommet du G8. Les dignitaires ont à peine le temps de défaire leurs bagages qu’ils sont pris en otage. La revendication des ravisseurs : bloquer le déploiement d’une génération d’androïdes un peu trop humains.

Au fil des siècles, les ouvriers se sont battus contre la mécanisation ; d’abord les machines à tisser, puis les moissonneuses-batteuses, les presses à imprimer mécaniques, etc. Souvent, ils ont eu le réflexe de casser ces engins qui leur volent leur gagne-pain. Dans l'imaginaire populaire, il semble inscrit que la technologie présente une menace. À l’aube de l’intelligence artificielle, heureusement qu’il y a les trois lois de la robotique pour réconforter monsieur et sa fiancée. Mais piquer le travail, voire la vie d’un individu, est-ce lui porter atteinte ? Si c’est le cas, les cerveaux électroniques bafouent le premier des principes légués à l’humanité par Isaac Asimov.

Jean-Charles Gaudin s’inspire de cette peur ancestrale pour construire un thriller de science-fiction. Dans un lieu fermé et loin de tout se joue une partie de bras de fer. Une poignée d’idéalistes s'oppose à huit hommes d’État, des industriels et des agents gouvernementaux. Le récit démarre peut-être rapidement ; il aurait en effet été intéressant de mieux connaitre les terroristes, pour apprivoiser leur malaise, les comprendre et embrasser leur cause. L'auteur a plutôt pris le parti-pris de l’action ; le scénario est rythmé, une péripétie n’attend pas l’autre, les revirements de situation se multiplient et la conclusion décoiffe. Pour tout dire, le bédéphile ne s'ennuie pas.

Frederico Dallocchio est surtout associé à l’univers des comics. Dans son portfolio figurent notamment Green Arrow, Superman et Batman. Dans cet épisode de la série Androïdes, il fait du franco-belge, mais son héritage américain transparaît, particulièrement dans les scènes de combat ponctuées de nombreux changements de plan et d'empilades de cases. Tout cela, il faut le reconnaître, contribue à donner du rythme au projet. Le dessin demeure dans l’ensemble bien fait, les personnages apparaissent crédibles et les décors réalistes. À cet effet, il est amusant de constater que du point de vue de l’artiste, dans soixante-quinze ans une cuisine ou une chambre d’hôtel ne changeront pas tellement, même si elles graviteront à quatre cents kilomètres de la planète bleue.

Un suspens politique rondement mené et d’une lecture fort agréable.

Moyenne des chroniqueurs
7.0