Shino ne sait pas dire son nom

E lle s'était entraînée dans ce but pourtant, le jour J, cela s'est mal passé. La rentrée arrive pour Shino et, comme il se doit doit, les élèves se présentent par leur nom. Le rouge monte à ses joues, l'affolement la prend et... Elle bégaie. Forcément, cela déclenche les rires et les moqueries. Il y aurait bien cette fille, un peu sauvage d'accord, mais au moins, elle ne la considère pas comme anormale. Peut-être pourraient-elles s'entendre?

Shuzo Oshimi (Les fleurs du mal, Les liens du sang) propose cette fois un one-shot intimiste sur l'acceptation de soi et l'épanouissement personnel. D'inspiration autobiographique, cette histoire sonne de manière réaliste en abordant les problèmes d’élocution qui entraînent une forme d’isolement, à cause des difficultés pour s'exprimer en société et donc de s'intégrer. Le scénariste brosse un portrait intéressant et touchant – sans verser dans la mièvrerie – de jeunes qui ne renoncent pas et tentent de surmonter leur difficulté ensemble. De plus, avec un ton juste, il ne tombe pas dans l'excès inverse en pointant du doigt les moqueurs. Plus que de harcèlement à l'école, le lecteur trouve l'expression et la construction d'une amitié sincère. Le récit est celui de Shino, mais aussi de Kayo, une apprentie rockeuse passionnée. C'est donc une double intrigue qui se déroule.

Avec une mise en scène étudiée, le dessin limpide et expressif entraîne une immersion naturelle. L'auteur utilise beaucoup les possibilités du cadrage et des plans de vue pour suggérer les sentiments. Parfois c'est un peu poussif, cependant, le lecteur de manga est habitué à ces petites exagérations.

Shino ne sait pas dire son nom démontre de nouveau le talent de ce mangaka dans son rôle de narrateur et de trouveur d'aventure humaine dans laquelle chacun pourrait s'identifier.

Moyenne des chroniqueurs
6.5