Le convoyeur 1. Nymphe

A vec sa barbe fournie et ses petites lunettes de soudeur, cet homme peu bavard qui se fait appeler «Le Convoyeur», vadrouille sur des terres ravagées par la «Rouille», une forme de virus qui s'est attaqué au fer, détruisant toutes les structures et les éléments qui en contenait. Dans ce monde ultra violent, le mercenaire accorde bien volontiers ses services aux êtres vivants qui le sollicitent, et ce, quels que soient les risques encourus. Mais à une condition non négociable, celle d'ingurgiter un mystérieux œuf.

«Ma parole est ma loi»

Dans cette nouvelle et énième histoire post-apocalyptique, Tristan Roulot (Goblin's, Irons ou encore Hedge Fund) se devait de lui attribuer une identité forte pour se différencier et éviter de tomber dans une routine futuriste maintes fois abordée. Pour ce faire et pour commencer, il intronise un homme autant charismatique qu'énigmatique, savoureux, et sulfurant hybride d'un Mad Max et d'un Durango. Puis, dans une France dévastée et terrifiante, l'auteur a pris soin de garnir son pitch de nombreuses petites idées anticipatrices et plutôt inédites, certaines teintées d'héroïc fantasy qui piqueront immédiatement l'intérêt. Son concept repose sur le principe qu'une bactérie s'est figée sur le fer, le rendant friable. Par conséquent, ce sont toutes les structures et les bâtiments qui se sont effondrés. Plus grave, l'homme n'a pu être épargné puisque le germe a également impacté le pourcentage contenu dans les cellules organiques, rendant les corps pour la plupart infirmes voire monstrueux. C'est au sein de cet environnement angoissant que des groupes tentent de s'organiser en appliquant la loi du plus fort. Happé par une intrigue étoffée, le lecteur se surprendra à être tour à tour pris de sympathie envers un personnage solitaire, de prime abord charitable, puis, presque simultanément, devenir méfiant et suspicieux face à son comportement et ses principes pour le moins extravagants. Car, de héros, l'est-il vraiment ?

Habitué à réaliser des planches de westerns, Dimitri Armand (Sykes, Texas Jack) ne paraît pas forcément dépaysé par le contexte et l'environnement de cette entrée en matière. Amateur de vraies gueules bien abîmées par les existences, son coup de crayon très expressif est toujours aussi soigné, incisif et à la recherche du bon équilibre entre douceur et violence. Perfectionniste, l'auteur n'hésite pas au préalable à mimer les scènes d'action pour mieux les rendre vivantes sur le papier. Également méthodique, l’enchaînement de ses cases ne vient pas ralentir ou saccader la narration à travers un éventail de séquences pouvant aller jusqu'à tutoyer le trash.

À peine le temps de souffler en refermant le premier volet des aventures mouvementées du Convoyeur, que déjà survient une irrésistible envie de poursuivre la mission à ses côtés.

Moyenne des chroniqueurs
6.0