Le vieux Docteur A.T. Still, pionnier de l'ostéopathie

A u milieu du XIXe siècle, les balises de la médecine apparaissent toujours mouvantes. Les praticiens expérimentent et se trompent quelquefois. Un exemple parmi d’autres, Andrew Taylor Still, lequel inventera l’ostéopathie, s’est vu prescrire du Calomel (un pesticide) devant le purger. Le gamin y perd toutes ses dents. Fils d’un homme d’Église, il conçoit le corps comme une machine parfaite. S’il est dysfonctionnel, il suffit de replacer un os ou d’assurer l’irrigation sanguine dans une région donnée.

Stéphane Piatzszek témoigne de la détermination de celui qui ne doute jamais et s’entête, envers et contre tous. Il cible une poignée d’anecdotes de son enfance pour expliquer comment s’est construite la pensée du guérisseur ; par exemple l’invention d’un modèle de baratte à beurre, un outil mécanique, tout comme l’est sa conception des êtres vivants. Sans insister, il trace un parallèle entre la démarche du père, pasteur, et celle de son garçon qui est, en quelque sorte, un évangéliste de la santé. Tous deux pratiquent dans le centre des États-Unis et, chacun dans son champ d’expertise, défend une réponse unique, voire simpliste, l’un pour les maux de l’âme, l’autre pour ceux des os, des articulations et des organes.

Il va de soi que l’album porte sur un individu et non pas sur sa doctrine, mais il demeure difficile de les distinguer et de passer sous silence que, cent ans après son décès, son approche ne convainc pas partout. D’ailleurs, en France comme au Québec, cette formation n’est pas offerte à l’université ; il semble cependant qu’elle soit mieux implantée en milieu anglo-saxon. Peut-être aurait-il été utile de présenter une mise en contexte qui aurait relativisé les prétentions du héros.

Benoît Blary propose pour sa part un agréable dessin aux accents expressionnistes, joliment mis en couleur à l’aquarelle. Ses acteurs ont du caractère et les visages se révèlent expressifs. Sa reconstitution de l’Amérique profonde est réussie et l’artiste ne lésine pas sur les détails, même si les phylactères se font parfois envahissants. L’illustrateur s’en tient généralement à trois cases par page, permettant ainsi à son travail de respirer dans ce livre de petit format.

Un récit intéressant sur un personnage profondément américain, pour qui les explications les plus simples sont les meilleures, même si les enjeux sont complexes.

Moyenne des chroniqueurs
7.0