Faraway Paladin 1. Tome 1

R enaître, c’est ce qu’une divinité a offert à William lorsqu’il a désiré mourir pour en finir avec une existence insipide. Recueilli bébé par trois morts-vivants, il vit depuis avec eux dans un ancien couvent isolé de tout. Sous la férule austère de ses mentors, ses journées sont rythmées par différents apprentissages. Avec Gas, le fantôme sorcier, il étudie le pouvoir des mots. Blood, le guerrier squelette, lui enseigne l’art du combat. Quant à la douce Marie, prêtresse momie, son enseignement tient dans chaque occupation journalière. Pourtant, au fil des années, le garçon qui n’a rien oublié de sa vie antérieure s’interroge : que fait-il parmi ce drôle de trio ? Comment est-il arrivé auprès d’eux ? Y a-t-il d’autres humains quelque part ? Pourquoi a-t-il l’impression de subir un entraînement ? Quel est le sens de tout ceci. Autant de secrets qu’il lui faudra percer.

Adapté d’un light novel de Kanata Yanagino, Faraway Paladin s’inscrit dans la vague des séries estampillées isekai - sous-genre de la fantasy -, proposant de suivre les tribulations d’un héros « normal » immergé dans un monde parallèle. Dessiné par Mutsumi Okubashi, sur un chara-design original de Kususaga Gin, ce premier tome introduit l’univers imaginé par l’écrivain japonais et présente les personnages principaux. Tous bien campés et dotés de caractères bien différents, ces derniers se révèlent plutôt attachants et suscitent d’autant plus l’intérêt que les informations les concernant restent congrues. Seul William s’avère accessible, ses pensées de réincarné s’invitant en voix-off et ponctuant les échanges et interactions d’un regard moins ingénu que son âge présumé ne le voudrait. Gamin de sept ans au début de l’histoire, il approche de son quatorzième anniversaire dans les dernières pages. Entre temps, le lecteur peut assister à son évolution et prendre la mesure de la place qu’il occupe dans son étrange groupe, avant qu’une série d’épreuves viennent accélérer le récit et épaissir le mystère. Les questions s’avèrent donc nombreuses et la seule qui trouve un semblant de réponse, grâce à l’esquisse de la mythologie sous-tendant ce monde, ne fait qu’attiser davantage la curiosité.

Plaisant et de bonne facture, le graphisme accompagne agréablement le propos. Les traits du héros perdent progressivement leur rondeur et leur ingénuité enfantines, tandis que ses compagnons aux profils parfaitement caractérisés n’évoluent pas. Si les décors restent assez chiches, hormis quelques vues sur le couvent ou les ruines proches, les cadrages se plaisent à exprimer au mieux les relations entre les protagonistes ainsi que leurs diverses émotions, rendues de manière convaincante. Le découpage est efficace et restitue bien le côté paisible d’une bonne partie de l’album, avant de jouer sur les trames d’accélération et apporter davantage de rythme dans les scènes de combat dans le dernier tiers du volume.

Un début prometteur pour Faraway Paladin qui constitue un bon moment de lecture. À confirmer dans le prochain opus à paraître chez Komikku en juillet 2020.

Moyenne des chroniqueurs
6.0