Enfin libre

L es mots peuvent vraiment faire mal. Ceux rédigés par son enfant sur cette lettre résonnent encore dans l'esprit de K. Pourtant, il ne peut pas croire qu'elle soit partie de son plein gré. Ils s'entendent bien et sont heureux d'être ensemble, non ? La police n'étant pas convaincue de pousser les investigations, il décide de faire appel à un détective privé. Pourquoi pas ? Ce petit animal à moustaches, là dehors, à l'air de bon conseil.

Le duo d'auteurs sous ce pseudo (Philippe Renaut au scénario et David Barou au dessin) propose avec Enfin libre une histoire moins conceptuelle qu'à leur habitude, mais tout aussi originale, à classer davantage dans le domaine relationnel et de l'intime. Des personnages attachants, improbables et loufoques sont mis au service d'un scénario décrivant les aléas et les difficultés entre un papa et le fruit de ses entrailles. Au cours de ses recherches, il rencontre des inconnus qui vont lui ouvrir peu à peu les yeux et le pousser dans ses retranchements, pour la bonne cause. En parallèle, le lecteur suit Agathe, dans une sorte de monde étrange où elle a pour professeurs de peinture de drôles d'êtres semblant tout connaitre de la vie. La lecture est aisée, néanmoins, le côté tiroir de l'intrigue déroutera certainement.

Si l'exploration graphique se révèle plus subtile que dans leurs ouvrages précédents (La rumeur,Le Fluink) où le noir et blanc était de mise et les planches sans case, ici, tout laisse à croire à une bande dessinée dite «classique». Attention, car les détails visuels, le travail sur le choix et la place des couleurs ne sont pas laissés au hasard, chaque case semble avoir été étudiée dans la logique de l'enquête. Le trait souple et fin dans un style caricatural instaure une bonhomie et une certaine nonchalance, toutes deux agréables.

Enfin libre par Enfin libre : la relation père-fille développée dans un ouvrage à la fois drôle et onirique qui mérite d'être lu plusieurs fois pour s'en imprégner et déceler les nombreux indices disséminés au long des pages.

Moyenne des chroniqueurs
6.0