Les fugitifs (Saison 1) Les Joies de la famille

A lex Wilder l'a mauvaise. Sous prétexte de leur réunion annuelle, ses parents vont encore lui coller dans les pattes la progéniture de leurs amis. Pendant que ces mécènes discuteront gros sous et dons aux bonnes œuvres de Los Angeles, il va faire la baby-sitter pour des gamins de onze à seize ans, au lieu de se mettre derrière son ordinateur et jouer en ligne avec ses potes. Enfin, peut-être qu'il pourrait faire mieux s'il arrive à convaincre ses compagnons d'un soir.

Panini gratifie ses fans d'une compilation des douze des dix-huit chapitres de la série Runaways initiale, datant de 2003. Si le temps a passé et que l'originalité ne sautera pas aux yeux des lecteurs, cette réédition permet de (re)découvrir les débuts de Brian K. Vaughan, avant Y, le dernier homme ou Saga. Son goût pour parler des relations (conflictuelles) au sein d'une famille est déjà bien marqué. Le scénariste se sert du contexte super-héroïque pour traiter des questions liées à l'adolescence, la confiance, de l'amitié, l'amour même et surtout de la filiation. Les enfants doivent-ils croire aveuglément leurs parents ? Doivent-ils sagement suivre leurs pas ou tracer leurs voix, quand bien même cela doit tourner à s'opposer à ses géniteurs ? Évidemment, cette histoire - complète même si au moins une question reste en suspend - s'inscrit dans un catalogue (Marvel) qui impose son quota de combats, de super pouvoirs et de bons sentiments mais le texte sous-jacent n'en demeure pas moins bien amené.

Son association avec le dessinateur Adrian Alphonsa (Ms. Marvel) fonctionne bien. Le découpage sobre et le trait mi-réaliste mi-cartoon de l'artiste apporte une touche de légèreté, qui font oublier son manque de constance. L'intrigue se déroule sur des chemins balisés mais s'avère fluide et à défaut d'être pleinement passionnante, très plaisante à suivre. L'humour est bien présent grâce à des répliques qui restent modernes même plus de quinze plus tard et les personnages, caricaturaux par moments, sont attachants. En jonchant leurs parcours d'épreuves et de rebondissements, le scénariste balaie bouleversements qu'entraînent le passage à l'âge adulte et renvoie avec finesse tout un chacun à cette époque de questionnements.

Sans être marquant, ni graphiquement ni par un sujet maintes fois abordé aujourd'hui, Runaways reste une étape intéressante dans la carrière d'un auteur majeur des comics. Un titre qui démontre déjà les talents de narrateur de Brian K. Vaughan et la facilité avec laquelle il aborde ses thèmes de prédilection.

Lire la chronique de Héros pour toujours, la suite de 2005.

Moyenne des chroniqueurs
6.0