Zoo 1. Tome 1

O n se trouve ici devant 2 albums extraordinaires, faisant partie d'une trilogie mais contenant déjà à ce stade une quantité d'émotions rarement rencontrées dans ma vie de lecteur de bandes dessinées.

Dire que les personnages sont attachants serait faire injure au talent de Philippe Bonifay qui fait preuve ici d'une imagination romantique et humaine ne nous laissant pas intacts (j'avoue avoir été incapable de lire le tome 2 d'une traite pour cause d'émotion intense...). Il a eu le temps de construire son histoire et de développer les personnages, aucun n'est gratuit et chacun est aussi important qu'un autre.

Quant à Frank Pé, la délicatesse de son trait, sa façon de jouer avec la lumière et ses couleurs directes sont un véritable régal pour les yeux tout au long de ces 2 albums. Les tirages spéciaux qui ont été faits nous offrent également des dessins et croquis inédits de toute beauté, certains portraits de l'héroïne sont à couper le souffle (le mien du moins...). On peut penser qu'il a atteint à ce jour avec Zoo son œuvre majeure tant l'impact que cet album a eu sur ses lecteurs est puissant et de l'auteur sympathique qu'il était avec Broussaille, il est passé au statut d'auteur de référence.

L'histoire ne peut se résumer en quelques mots, après un début quelque peu perturbant, elle se passe essentiellement dans un zoo privé au début du siècle mais l'important ce sont les rapports entre les protagonistes et l'atmosphère qui se dégage de l'ensemble. Anna qui trouve refuge dans la propriété de Célestin, médecin de campagne. Manon, fille adoptive de Célestin, qui aime Buggy le sculpteur, des animaux exotiques, cette serre improbable, cet univers en dehors du temps (nous sommes au début de la première guerre mondiale), tout est là pour nous faire rêver et pourtant on sent le drame arriver, inéluctable.

Mais néanmoins, la scène où Manon tente de faire retrouver à Anna ses sensations olfactives ne quittera pas vite vos esprits, j'en prends le pari !

Une œuvre magistrale...