Wolcano, la sorcière du cul

À force de jouer avec le feu et de sauter sur tout ce qui bouge, Wolcano récolte ce qu'elle sème. Lorsqu'un cyclope la dérange en plein ébat pour la convoquer devant les juges, elle prend conscience que son statut de magicienne ne tient plus qu'à un fil. À moins que...

À première vue, ce petit album souple au dessin rond pourrait paraître léger et enfantin, mais dès les premières planches, Shyle Zalewski fait voler cet a priori en éclats. Un peu de magie, pas mal d'humour second degré, du rythme et des situations toutes plus invraisemblables les unes que les autres sont les principales composantes d'un récit initiatique drôle et (im)pertinent. Jalonnant la route de son héroïne à la sexualité débridée de rencontres épiques avec un dichotome (effrayé par tout ce qui ne serait pas binaire), l'ermite des blanches vallées (aux énigmes bidons), le chef (autoritaire et machiste) des auteurs de grimoires et un petit charpentier presque charmant (c'est à dire attachant, doué au lit et un peu neuneu), l'artiste s'amuse avec des thèmes qu'il·elle affectionne.

En sept courts chapitres, il·elle construit une intrigue classique tout en l'abordant de manière originale. Grâce à un ton grinçant et des répliques qui fusent, la nymphomanie de sa sorcière devient un prétexte malin pour moquer les convenances et traiter de la manière d'exercer un métier en s'affranchissant des stéréotypes. Au fil des étapes, l'incisive Wolcano se révèle aussi moqueuse que tendre, bagarreuse et douce à la fois. Son périple, d'une grande fluidité, met en avant le fait que si la forme est importante et se doit d'être assumée, c'est bien le fond qui doit primer, surtout lorsque la démarche est honnête. Au final, cela donne un album qui, sans en avoir l'air, offre une belle leçon tout en égratignant avec malice le monde de la bande dessinée et la société.

Faussement irrévérencieux, diablement maîtrisé, drôle et intelligent, Wolcano, la sorcière du cul mérite le détour. Ne pas s'arrêter aux apparences ou aux préjugés a souvent du bon, dans la vie comme dans le neuvième Art.

Moyenne des chroniqueurs
7.0