Ric Hochet (Les nouvelles enquêtes de) 4. Tombé pour la France

O rphelin, Ric Hochet n’a pas à faire son service militaire. Mais comme il a récemment retrouvé son père, l’armée l’appelle sous les drapeaux. De mauvais gré, le journaliste accepte d’aller ramper dans la boue pendant seize mois. Comme toujours lorsque le scribe est dans les environs : un crime est perpétré. C’est du moins ce qu’affirme Dix tonnes, un de ses compagnons d’armes. Le reporter mène l’enquête dans un univers jaloux de sa réputation. Les allers et venues des bidasses étant contrôlés, il doit être rusé, discret et entêté s’il veut résoudre le mystère. Heureusement qu’il y a Nadine, son amoureuse, pour poursuivre les recherches sur le terrain.

Zidrou signe un roman policier classique et respectueux du genre : un limier perspicace, un lieu pratiquement clos, un macchabée et quelques suspects. L’un d’entre eux se révélera forcément coupable, reste à savoir lequel et surtout de comprendre ses motifs. Au-delà de l’anecdote, le scénariste présente un milieu et une époque, lesquels sont du reste indirectement responsables du meurtre. En 1969, les officiers sont brutaux et la rectitude politique n’a pas encore droit de cité. Dans ce monde viril, l’homophobie s’avère d’ailleurs florissante. Dans l’ensemble, l’histoire est bien construite et le regard porté sur les premières années de la Cinquième République se montre intéressant. Un bémol : le protagoniste manque de charisme ; il affiche une telle perfection qu’il est difficile de s’attacher à lui. N’est pas Jérôme Bloche qui le veut.

Simon Van Liemt adopte un style réaliste qui ne détonne pas avec celui de Tibet, lequel a animé la série pendant soixante-dix-huit épisodes. Le dessin est soigné, les acteurs jouent juste et les décors sont travaillés. Ponctuées de gros plans et d’onomatopées tonitruantes, les illustrations sont dynamiques et dramatisent efficacement le récit.

Mentionnons en terminant l’étrangeté du titre (Tombé pour la France) et celle de la couverture (héros aux vêtements déchirés posant devant un drapeau français en lambeaux) en net décalage avec le propos. Le premier plat évoque en en effet beaucoup plus un drame de guerre qu’un roman à énigme.

Moyenne des chroniqueurs
6.0