Green Manor 3. Fantaisies meurtrières

L 'empire britannique à la fin du XIXe siècle. Les histoires racontées par l'aliéné Thomas Bellow à son médecin commencent à perturber l'esprit de ce dernier. Et si ce qu'il dit était vrai ? Est-il possible que le très sélect Green Manor, haut lieu de rencontre du gratin de la bonne société anglaise, ne soit en vérité composé que d'imbéciles prétentieux et cyniques capables des pires crimes imaginables ?

Le Green Manor nous revient, et il flotte avec lui le même parfum lourd du crime et du havane réunis. Les sketches écrits par Fabien Vehlmann n'ont rien perdu de leur saveur : c'est un portrait au vitriol de l'aristocratie de l'Empire, bouffie d'orgueil et sûre d'elle-même, une galerie de personnages cyniques et transpirant l'ennui mais qui mettront un point d'honneur à détruire les passions des autres.

Denis Bodart illustre parfaitement ces histoires courtes, rendant à merveille le luxe des demeures et des costumes, au milieu d'une Angleterre Victorienne où la misère est au coin des rues. Des velours lourds et raffinés aux postures guindées, les ambiances dignes d'une association surprenante entre Edgar Poe et Daumier sont rendues avec justesse. Elles allient l'absence totale de scrupule au ridicule de la bêtise qui, au final, aura souvent le dernier mot.

Bodart et Vehlmann nous offrent avec cette série un de ces petits bijoux qui se relisent toujours avec plaisir. Green Manor emprunte à la littérature populaire cette indémodable capacité à relever les défauts de notre époque, car il existera toujours des hommes prêts à écraser les autres pour pouvoir s'installer dans les classes élevées de la société, et ils auront toujours l'imbécillité de vouloir s'y maintenir avec fierté.
Entrons dans le Green Manor pour y découvrir ses secrets cachés, mais prenons bien garde à ne pas y rester.