Sœur Marie-Thérèse 7. Ainsi soit-elle !

S œur Marie-Thérèse est jugée pour avoir détruit des cultures scientifiques, sujet d’étude pour les Organismes Génétiquement Modifiés (voir le tome 6, La Guère Sainte). Rapidement, le procès tourne à la farce burlesque. Entre la désinvolture de la nonne à forte poitrine, la comparution de la Mort en tant que témoin, l’apparition de Hulk – métamorphose d’un scientifique brutalisé par la justicière – qui réduit en miettes le tribunal et l’arrivée d’un Jésus désœuvré, toute logique narrative est perdue et l’absurde côtoie le grotesque.

Cet album est un retour après onze années d’absence. Un prologue drôle et pudique explique la cause de ce mutisme, que Maëster aborde également dans ses remerciements. Les temps semblent encore difficiles puisque l’ancien pilier de Fluide Glacial et auteur du truculent Athanagor Wurlitzer, obsédé sexuel, passe le relais, pour les vingt dernières pages, à Julien Solé, lui aussi sorti de l’école de l’immense Marcel Gotlib.

Malgré ces intentions louables et la charge émotionnelle liée à la situation du scénariste, force est de reconnaître que ça ne fonctionne pas. Graphiquement, la série Sœur Marie-Thérèse, apparue dans le périodique susnommé dans les années 80, c’est le trait original, délicat et en noir et blanc de Maëster, qui conférait aux situations une dimension poétique et nostalgique, équilibrant la rugosité du personnage principal. Ce dernier était un subtil mélange de rigolade classique, puisant sa source chez Audiard, et de modernité iconoclaste, où gros rouge, esprit de rébellion, jurons et anticléricalisme bon enfant faisaient bon ménage.

Tout ceci a disparu, laissant la place à une tentative d’humour potache qui ne déclenche aucun rictus, à un dessin qui glisse de manière inopportune vers l’agressivité de certains comics, à une démultiplication stérile des références de coins de cases et à une mise en couleurs qui achève de dénaturer l’ensemble. Le lecteur gagnera à reprendre les premiers albums de la série, au charme intact et à drôlerie solide. Ainsi fut-elle.

Moyenne des chroniqueurs
4.0