Alma (Tarmasz) 1. Alma

Q ui est Alma ? Tarmasz tente de répondre à la question à travers onze nouvelles dans lesquelles l’héroïne apparaît sous des formes, des noms et des visages divers. Petit à petit, le lecteur trace les contours de celle qui se présente sous les traits de la sorcière, de la guérisseuse, de l’ogresse et du génie du mal. Les saynètes ont pour décor le grand désert d’Asmal, un lieu imaginaire où humains, esprits et démons cohabitent et s’affrontent, avec, en toile de fond, cette créature ambiguë, née d’une goutte d’eau tombée dans une contrée ensablée qui aurait dû rester sèche.

L’autrice crée de toute pièce un monde et ses mythes fondateurs, elle imagine un microcosme, dicte les règles, invente des personnages... et sème le chaos entre eux. Les chapitres sont autonomes, mais finissent par se compléter. Certaines histoires se montrent abouties, d’autres, trop courtes, laissent perplexe. La scénariste s’est de toute évidence inspirée de nombreuses sources pour écrire ce conte qui emprunte autant au récit folklorique (sorcière, rebouteuse et dragon), qu’à la religion (diable, enfer et serpent) et à la mythologie (sphinge), tout en s’assurant que l’ensemble demeure cohérent.

Les illustrations rappellent celles d’Isabel Greenberg (Les cent nuits de Héro et L’encyclopédie des débuts de la Terre) qui explore d’ailleurs des thématiques similaires. À la fois naïves et complexes, elles sont fréquemment allégoriques et oniriques, évoquant alors celles de David B. Généralement présentés de façon plutôt sommaire, les acteurs se révèlent souvent semblables à des croquis. Pour ce livre rendu possible grâce au socio-financement, l’artiste travaille en bichromie (noir et rouge) ; ce choix artistique convient parfaitement au projet qui a un côté artisanal très engageant.

Un univers agréable, plus riche qu’il n’y paraît à première vue, mais un peu à l’étroit dans cet ouvrage comptant tout de même près de cent-cinquante pages.

Moyenne des chroniqueurs
7.0