Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur

C 'était presque trop beau pour être vrai, comme dans ces films, ces chansons et ces livres où chacun voudrait prendre la place du couple idyllique tellement chanceux… Puis d'infimes détails, de petits événements surviennent, rendent perplexes et désarçonnent. Bien vite oubliés sous les attentions de tous les jours. Finalement, l'accumulation de reproches et de crises devient invivable. Il faut réagir avant de se faire envahir.

Depuis de nombreuses années Sophie Lambda, illustratrice de métier, anime un blog dans lequel elle évoque sa vie. Pour son premier roman graphique, elle aborde un sujet très personnel qui la touche directement puisque c'est elle la victime : son passif avec un «manipulateur». Telle une catharsis, son témoignage narre de manière chronologique sa rencontre, le développement de sa relation, la montée des tensions et sa lente chute, point culminant de son mal-être. L'auteure présente également une partie plus didactique où elle décrit l'aspect psychologique de ce dysfonctionnement de personnalité et comment échapper à l'emprise de ces individus. Enfin, pour terminer sur une note optimiste, elle raconte sa reconstruction. La réussite de l'ouvrage tient dans le ton utilisé : une bonne dose d'auto-dérision et beaucoup de recul, de la fantaisie et un ourson rigolo (vous vous rappelez [url]http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=180343.htmlTed[/url], avec Mark Wahlberg ? C'est le même), symbole de sa conscience. Seul reproche : l'unilatéralité du problème. En effet, l'amoureux est perçu comme quelqu'un de détestable de bout en bout ; de plus, il n'a pas voix au chapitre. Il aurait été intéressant de connaitre le point de vue de l'accusé.

Le style décalé de l'album doit énormément aux illustrations : caricaturales, des expressions exagérées, des onomatopées et des personnages comiques, l'ensemble est fait pour dédramatiser le propos, sans pour autant en diminuer la portée.

Récit d'une descente aux enfers puis d'une libération, Tant pis pour l'amour évite le piège du pathos pour livrer une confession sans fard, mais pleine d'humour.

Moyenne des chroniqueurs
6.0