Kebek 1. L'éternité

D écouverte incroyable et troublante dans une mine canadienne ! Suite à un éboulement, les ouvriers ont mis à jour une énorme structure minérale faite de diamant pur. « Ça n’a rien de naturel », telle la réflexion initiale de Roy Koks et Natane, les deux géologues chargés de cartographier le gisement. Communiquée par une entreprise qui veut bien faire et colportée par les réseaux sociaux, la nouvelle fait la une et provoque des débats à travers la planète. D’où vient la sphère ? Qui l’a créée ? La vérité est-elle ailleurs ? Tous les fantasmes et toutes les convoitises fondent sur la Baie James, au grand désespoir des habitants du lieu et des autorités, rapidement dépassées par les événements.

Histoire d’aventure dans les règles de l’art, Kebek rassemble à peu près tous les poncifs du genre. Philippe Gauckler n’épargne ni sa peine ni ses lecteurs et propose un thriller digne des plus ambitieuses productions hollywoodiennes. Du mystère, de la romance, de l’action, tout y est, jusqu’aux sages Premières Nations en colère face au non-respect de la Mère Terre. Il vous en faut encore ? Des motards rugueux, des scientifiques dubitatifs, un peu de hockey sur glace (ça se passe au Québec quand même) et, évidemment, un duo de héros contrastés sans peur et sans reproche prêt à tout pour obtenir des réponses et former un couple heureux, en demander plus serait abuser, pourtant la liste n’est pas close. Plus sérieusement, l’auteur a tellement chargé sa barque de stéréotypes de tout acabit que la lecture en devient indigeste et guère originale tant ces éléments ont déjà été vus aussi bien à l’écran qu’en bande dessinée.

Pour une première incursion dans la couleur directe, Gauckler rend une copie bleutée et glacée des plus réussies. Extrêmement bien documenté, le dessinateur joue parfaitement la carte du réalisme. Si le trait se montre un peu raide par moments, il arrive néanmoins à contourner ce petit défaut par une mise en scène dynamique et des angles de vue audacieux.

Au final, sans démériter sur le fond, Kebek souffre d’une accumulation de lieux communs combinée à une certaine facilité et de nombreuses incohérences propres à ce type de scénario. Les amateurs de récit fantastique contemporain et de suspens convenu seront ravis, les autres, moins. Suite et fin dans le tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
5.7