Francis Bacon - La violence d'une rose

F rancis Bacon (1909 – 1992) est considéré aujourd’hui comme un des peintres majeurs de la seconde partie du XXe siècle. Son tableau Trois études de Lucian Freud détient d’ailleurs le record pour l’œuvre contemporaine la plus chère. Individu torturé doté d’une sensibilité à fleur de peau, Bacon était une personne ambiguë. Existentialiste à l’extrême, il menait aussi une vie de bon vivant amateur de jeux de hasard et de bonnes bouteilles. Artistiquement peu reconnu à ses débuts, il refusa tout compromis et n’abandonna jamais sa vision. De plus, même après avoir été adoubé par la critique et ses confrères, il reste fidèle à son credo : « Ma peinture est souvent jugée horrible parce qu’elle est directe. Elle prouve un sommeil de la raison chez ceux qui la trouve monstrueuse, alors que je montre comment le réveil des monstres a métamorphosé la raison. »

Biographie très condensée, Francis Bacon La violence d’une rose (excellent titre à l’unisson de son sujet) survole l’existence de l’homme en se concentrant sur quelques moments charnières et rencontres importantes. Si Cristina Portolano utilise au mieux l’espace disponible, une connaissance préalable de l’Histoire de l’art, particulièrement anglais dans l’après-guerre, est néanmoins nécessaire pour bien appréhender les tenants et les aboutissants de l’éclosion du style si particulier de Bacon. Le portrait dressé s’avère intéressant et cohérent, tout en faisant qu'effleurer la profondeur psychologique du maître.

Graphiquement, l’approche de la dessinatrice, à mi-chemin entre la ligne claire et le naïf, surprend. Celle-ci ne veut certainement pas influencer le lecteur et son trait neutre, voire maladroit, permet à chacun d’interpréter librement les événements. Pourquoi pas. Pour les couleurs, l’autrice a choisi d’utiliser la palette du peintre afin d’embellir ses planches. L’attention est louable, mais ne parlera qu’aux connaisseurs de cet artiste unique.

Introduction trop légère pour satisfaire l’érudit et trop exigeante pour véritablement capter le néophyte, Francis Bacon La violence d’une rose offre un aperçu original bien que très résumé et réducteur d’un géant de l’Art moderne.

Moyenne des chroniqueurs
5.0