LaoWai 3. La chute du Palais d'été

D ans la guerre opposant la France et l'Angleterre à la Chine, François et Jacques sont trempés jusqu'au cou. Liées depuis le début, les trajectoires des deux amis se sont révélées totalement opposées. Alors que le premier est horrifié par les dessous du conflit et a approché de trop près l'opium, le second s'est mué en soldat téméraire afin de gagner le respect de son père naturel. Pour l'un comme pour l'autre, l'heure de vérité a sonné et le danger n'a jamais semblé aussi proche.

Avec la fin de La bataille de Dagu, Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée avaient mis en place tous les éléments pour une conclusion épique et sanglante. Après un rappel saisissant sur l'élément déclencheur de l'enrôlement de leur héros, les premières planches de La chute du palais d'été restent pleinement dans le ton. Toujours aussi à l'aise pour peindre les costumes traditionnels chinois et les uniformes du Second empire, Xavier Besse régale de belles compositions. Il joue aussi des expressions et des cadrages pour accompagner les (nombreux) éléments que ses comparses égrènent. Entre la tension des dernières négociations et les échanges incisifs opposant Jacques et le général Montauban, François et le sergent Marais ou entre les représentants des deux camps, les scénaristes ne laissent guère le lecteur respirer, sans jamais que la fluidité n'en souffre.

Sans taire la conduite des Occidentaux, ils s'appuient sur les destins croisés de leurs personnages centraux (les deux amis mais aussi Valentine la journaliste, Jia Li, la veuve de l'ambassadeur ou Sengge Linqin) pour raconter la grande Histoire. Celle de la première guerre économique si peu mise en avant de ce côté-ci du globe. Avec métier, ils rendent leur trame passionnante et offrent à leur complice l'occasion de montrer son sens de la mise en scène notamment lors de séquences de combats explosives. Elles restituent avec force la cruauté, la violence et l'intensité des affrontements par des ambiances marquantes. De jour comme de nuit, elles soulignent chaque passage grâce à une colorisation directe très réussie, jusqu'à l'ultime case.

Une conclusion épique, pour une intrigue qui met en lumière une partie méconnue du passé commun de la France, de la Grande-Bretagne et de la Chine. Documentée, bien narrée et dépaysante à souhait, Laowaï s'avère une série à la hauteur de ses ambitions. Un divertissement intelligent à ne pas manquer.

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Moyenne des chroniqueurs
6.5