Le club des Entre-Deux Le Club des Entre-Deux

O live, Blaise, Biscuit, Daniel, ce sont mes potes du bahut et du quartier. Oh, ce n’est pas la gloire et on s’ennuie un peu dans ce petit bourg qui ne ressemble à rien. Mais bon, on s’occupe. J’ai réussi à chouraver des magazines porno à mon frangin, on fume des lianes et pis, on va faire un club, un truc secret pour nous. Pour être peinard, on a trouvé une bonne planque dans les bois, juste derrière le chantier de la zone commerciale.

Maxime Murri se remémore l’été de ses quinze ans dans Le club des entre-deux. Plus des gamins, mais pas encore des adultes, c’est le temps des questions fondamentales (le sexe, qu’est-ce vraiment et comment on fait ?) et des premiers choix (l’année prochaine direction le lycée). Sise dans une quelconque cité de province au tournant des années 2000 – donc avant l’avènement de l’internet grand-public, détail crucial pour comprendre la dynamique sociale en place -, cette chronique autobiographique douce-amère joue la carte de la sincérité et de la nostalgie. Les ados se cherchent, font des conneries (enfin surtout Corentin, le grand frère adulé du narrateur) et découvrent, à leur échelle, que la réalité du monde n’est pas obligatoirement celle présentée à la télévision ou dans les revues.

Les anecdotes s’enchaînent et se répondent agréablement, le découpage se montre efficace et les dessins en noir et blanc sont appliqués. Murri, dont il s’agit du premier album, mène parfaitement sa barque. Par contre, ses souvenirs remplis de tant de tendresse ou de regrets peinent à générer beaucoup d’empathie. En fait, si certains se retrouveront à coup sûr devant tels ou tels détails de la culture populaire de la fin du XXe siècle, c’est bien son propre passé qu’enterre le scénariste dans ce récit. Les quelques tentatives afin d’élargir son propos (les espoirs de l’urbanisme prônant les agréments de la ville à la campagne, par exemple) ne suffisent malheureusement pas à donner énormément de résonance à ses péripéties juvéniles.

Comme ses héros, Le club des entre-deux hésite passablement. Très éloigné du roman initiatique ou de la confession choc recelant son lot de secrets honteux ou fracassants, il s’agit plus simplement d’une évocation sensible d’un instant d’une existence, celle de l’auteur exclusivement.

Moyenne des chroniqueurs
6.0