L'espion de trop L'Espion de trop

1942, les U-boots du troisième Reich s’aventurent régulièrement dans les eaux du golfe du Saint-Laurent. Les nazis comptent profiter du passage d’un de ces sous-marins pour infiltrer un espion au Canada. Werner Von Janowski n’a aucune disposition particulière pour la chose, mais il parle français et anglais. Il devra accoster à New Carlisle, puis se rendre à Montréal pour contacter Adrien Arcand, un activiste qui a maintes fois fait part de ses sympathies pour le régime hitlérien. Ce dernier est cependant emprisonné depuis plusieurs années. Ce n’est d’ailleurs pas le seul élément étrange dans cette histoire.

Surtout connu pour ses séries humoristiques (Cosmodôme, El Spectro ou Jimmy Tornado), Frédéric Antoine signe un premier scénario dramatique. L’intrigue, qui est basée sur des faits réels (comme en témoigne le dossier présenté à la fin de l’album), est bien menée. Après avoir posé les bases d’un script présentant tous les attributs d’un roman d’espionnage classique, l’auteur détourne habilement le propos. Le récit est finalement celui d’une poignée d’hommes et de femmes. Ils rêvent d’héroïsme, de justice, de vengeance, d’amour, de liberté ou d’émancipation. Un agent secret en cavale les amènera à croire que tout est possible.

Le trait de VoRo (L'été 63, Tard dans la nuit) est de belle qualité. Ses personnages se montrent généralement convaincants, la scène d’ouverture dans un submersible bombardé est particulièrement réussie. Les décors sont réalisés avec un grand souci de véracité ; des bureaux de l’administration militaire allemande à la campagne québécoise, sans oublier les véhicules et les tenues vestimentaires. La composition des planches repose sur une abondance de cases rectangulaires, tant verticales qu’horizontales, qui créent un agréable dynamisme. Petite erreur bien pardonnable : au détour d’une vignette il semble y avoir confusion entre Kiel (Allemagne) et Kiev (Ukraine).

Chapeau au tandem qui a su s’inspirer d’une anecdote somme toute banale pour dépeindre une époque et les gens qui l'habitent.

Moyenne des chroniqueurs
6.5