Crusaders 1. La Colonne de fer

D epuis dix générations, l’Homme a essaimé dans tout le système solaire. Mais un jour, Titan capte un mystérieux message venu des confins de l’Univers qui convie l’Humanité à un bien étrange rendez-vous. Pour la lune minière de Saturne qui rêve de s’émanciper de l’attraction terrestre, il y a là une occasion à saisir…

Dans l’activité foisonnante de Christophe Bec, Crusaders fait figure de petit nouveau. Reprenant une idée développée, notamment, par Carl Sagan puis mise en image par Robert Zemeckis dans Contact en 1997, la colonne de fer en offre une variation composite.

Aujourd’hui, un premier volume se doit de séduire immédiatement. À l’évidence, Christophe Bec se donne les moyens de ses ambitions quitte à risquer de saturer son lectorat avec le caractère aléatoire d’un pont d’Einstein-Rosen et les considérations relativistes qui lui sont attachées. Adepte des récits chorals et des soubresauts temporels, le créateur d’Olympus Mons tutoie ici les limites du genre, plus serait trop ! Toutefois, il convient de reconnaître que le décor est planté de manière solide et il ne reste plus à Leno Carvalho qu’à fixer le fil de l’intrique dans le vide sidéral. Évitant de tomber dans la facilité de l’hyperréalisme technologique malgré le recours au numérique, le dessinateur brésilien sait lui aussi parvenir au juste équilibre graphique entre les huis clos sidéraux et les immensités interstellaires. Denses, mais lisibles nonobstant la profusion des dialogues qui requiert une attention soutenue, la majorité des planches permettent à l’imagination de leur démiurgique scénariste de trouver des espaces à mesure.

Crusaders possède un potentiel évident pour peu que Christophe Bec sache résister aux paradoxes spatio-temporels qui voudraient en étirer le cours.

Moyenne des chroniqueurs
6.0