Bug 2. Livre 2

E n 2041, un bogue informatique a effacé tous les documents numériques. Kameron Odd, dans l’espace lorsque la catastrophe a frappé, se découvre, bien malgré lui, héritier de toute l’information perdue. L’homme se trouve rapidement au cœur de la tourmente et des convoitises. Il n’a pourtant qu’un objectif, sauver sa fille, Gemma, retenue prisonnière par un groupe mafieux qui s’ingénie à mettre la main sur ses connaissances. Alors que la civilisation s’écroule, politiciens, gangsters et gens d’affaires cherchent leur place dans un ordre mondial qui se redéfinit.

La fable, signée Enki Bilal, est percutante. Le ténor de la bande dessinée développe une vision crédible d’un univers qui bascule : l’Afrique, moins dépendante des technologies, tire son épingle du jeu ; les intégrismes politiques et religieux resurgissent ; sans oublier qu’aux États-Unis, en Allemagne et dans quelques autres pays, des femmes remportent les élections. Ces éléments contextuels se révèlent d’ailleurs plus intéressants que l’odyssée du héros. Le lecteur a en effet du mal à véritablement s’intéresser à cette histoire d’astronaute transformé en réceptacle de la mémoire du genre humain.

Graphiquement, Bilal demeure unique. Bien qu’il se montre froid, son travail, un mélange de crayonné et de peinture, impressionne. Il est vrai que les protagonistes affichent une certaine raideur, mais de leurs prestations se dégage tout de même une réelle force. Les décors présentent pour leur part une atmosphère post-apocalyptique réaliste. Les métropoles tombent en décrépitude et la végétation s’impose. Bref, de l’ensemble émane un parfum de fin du monde convaincant. L’éditeur a choisi de publier l’album dans un format proche de celui du « comic ». Les pages comptant peu de vignettes, le bédéphile s’en accommode, mais il aurait néanmoins préféré de plus grandes planches.

Enfin, les Parisiens se réjouiront de voir qu’au début des années 2040, Notre-Dame de Paris a retrouvé son toit vert-de-gris et que les architectes de la reconstruction n’ont pas été trop créatifs. La flèche semble cependant absente. Les bâtisseurs ont-ils fait une croix sur les ajouts apportés par Eugène Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle ?

L’idée de départ de Bug est fascinante ; le récit qui s’inscrit dans cet univers s’avère malheureusement un chouïa moins concluant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0