Transmédialité, bande dessinée & adaptation

D éjà bien présente dans les arts, l’adaptation d’une œuvre d’un média à l’autre connaît une mutation énorme depuis une vingtaine d’année. La généralisation du numérique dans la production, la transmission et la consommation des biens culturels a affranchi de nombreuses frontières et rend même caduque la traditionnelle relation artiste-public. En effet, internet 2.0, les réseaux sociaux et autres plateforme de financement participatif génèrent des échanges et des influences inédits entre concepteurs et lecteurs. La transmédialité est le terme qui décrit ces procédés mêlant création et récréation.

Ouvrage universitaire, Transmédialité, bande dessinée & adaptationf explore ce nouveau champ d’étude. Pour ce faire, Évelyne Deprêtre et German A. Duarte ont rassemblé une impressionnante brochette de chercheurs de haut vol. Ceux-ci retracent, décryptent et tentent d’objectiver les forces en présence ainsi que les cheminements intellectuels qui ont amené ces modifications du paysage culturel. Dense et austère, cette lecture s’adresse avant tout aux professionnels et aux théoriciens dotés du vocabulaire approprié. Pour le commun des mortels, une fois passé la difficulté inhérente à ce genre de traité savant, le livre permet de lever le voile sur les mécanismes intrinsèques qui dirigent une partie des albums et des films dont il se délecte. Heureusement, les nombreux exemples apportent un peu de répit et permettent de mieux appréhender l'influence des esthétiques et des processus séquentiels dans les changements de supports narratifs.

À l’heure où un jeu de carte se voit décliner en film (dessin animé et en prise de vue réelle) avant de connaître une seconde vie sur console et d’être disponible sous la forme d’un roman graphique, Transmédialité, bande dessinée & adaptation remonte le fil d’Ariane afin de mieux comprendre comment les récits naissent, migrent, meurent pour réapparaître un peu plus loin. La pelote est intéressante, mais, évidemment, passablement ardue à démêler.

Moyenne des chroniqueurs
7.0