Les damnés de la Commune 2. Ceux qui n'étaient rien

M ars 1871, la Commune de Paris est proclamée. Contre toute attente, les révolutionnaires délaissent aussitôt le pouvoir pour le remettre au peuple en organisant une élection. Dans l’ensemble, les choses se passent plutôt bien. Il n’y a pas vraiment d’abus et les droits de chacun sont généralement respectés. Pendant ce temps à Versailles, les militaires astiquent leurs armes. Les communards l’ignorent, mais dans soixante-douze jours leur utopie ne sera plus qu’un glorieux souvenir.

Pour réaliser Les damnés de la Commune, Raphaël Meyssan a accompli une exceptionnelle recherche documentaire, comme en témoignent les nombreux extraits de correspondances, les documents et les coupures de presse ponctuant l’ouvrage. L’entreprise se révèle solide, mais le résultat est par moments austère. Chaque événement est consigné dans ce livre qui a des allures de manuel d’histoire. Le bédéiste établit tout de même une trame narrative en y inscrivant une enquête sur un certain Lavalette. Ce dernier vivait dans le même immeuble que le narrateur, et a joué un petit rôle dans l’insurrection. Tout au long du récit, le lecteur reçoit donc des nouvelles du personnage qui, sans véritablement s’affirmer comme un protagoniste, demeure une figure récurrente.

La quête d’information ayant également un volet iconographique, l’auteur a accumulé un grand nombre de gravures d’époque mises au service du projet. Par un impressionnant travail de découpage, de recadrage et de fragmentation, il arrive à créer une véritable bande dessinée et même à faire preuve de beaucoup d’audace dans l’agencement des vignettes. Son corpus se montre suffisamment uniforme pour que le bédéphile ne sente pas de réelles différences de style d’une case à l’autre. Le processus présente néanmoins ses limites et le jeu des comédiens n’est pas toujours en parfaite adéquation avec l’action. Cela dit, les illustrations sont très belles et c’est un plaisir de les examiner.

Avec cet exercice, Raphaël Meyssan démontre qu’à défaut d’être doué pour le dessin, il sait faire parler les images et construire une planche. Il confirme aussi qu’il peut rendre captivant un sujet aride.

Moyenne des chroniqueurs
7.0