La cité sans nom 3. La Terre déchirée

L e pouvoir pervertit...

La nouvelle de la mort du général De Toutes Lames et du putsch s'est répandue jusqu'aux oreilles des Yisun qui marchent vers la forteresse. Conscient du danger et de la fragilité de sa nomination, Erzi est bien décidé à user de son nouveau savoir pour maintenir son emprise sur la ville. Pour cela, il peut compter sur Mura, fidèle et dévouée. Du moins, en apparence... Et si l'histoire ne se répétait pas ? Rate et Kaïdu y croient et feront tout pour que la Cité ne soit pas encore le théâtre de guerres sanglantes pour son contrôle.

Quasiment deux ans après Menace sur l'Empire Dao, Erin Faith Hicks et Rue de Sèvres offrent aux fans la conclusion d'une série mêlant avec bonheur aventure et luttes pour le pouvoir.

Plus rythmé que les deux premiers opus, final oblige, le récit tient en haleine jusqu'à la dernière page. Et alors que certaines péripéties sont attendues, le suspense reste constant grâce à un dosage action-révélations-rebondissements réussi. À l'image de ses jeunes héros pour qui l'entraide et le partage sont naturels et la violence n'est pas inéluctable, l'autrice met en avant des valeurs positives fortes. Mais elle ne livre pas pour autant une histoire fleur bleue ou naïve. La manière dont les sous-intrigues se rejoignent pour donner à l'ensemble une belle ampleur démontre une réelle maîtrise de sa trame. À cet effet, les personnages secondaires gagnent encore en épaisseur ; chacun prenant la lumière dans un récit choral où les minorités se battent contre l'oppression et l'injustice. Qu'ils soient hommes ou femmes, plus ou moins âgés, nés dans les murs de la ville ou à l'extérieur, les héros comptent davantage par leurs actes que par leurs états. Toutefois, au vu du potentiel dramatique et sociétal, le lecteur chevronné pourra regretter que quelques pistes ne proposent pas plus de profondeur, mais l'accessibilité aux plus jeunes est ainsi garantie.

Moins coloré et plus sec, le graphisme reste néanmoins dans la lignée des deux opus précédents. Le trait dynamique de la dessinatrice, sa mise en page claire et les teintes choisies par Jordie Bellaire assurent une grande lisibilité. De belles ambiances, des décors et des costumes variés, le niveau de détails est élevé et permet de donner corps à ce monde fictif.

Erin Faith Hicks conclut brillamment une saga, tous publics, qui aura tenu toutes ses promesses. Originale, bien écrite, divertissante et offrant matière à ouvrir la réflexion, La Cité sans nom installe son autrice dans la liste des talents à suivre.

Lire la chronique du tome 1.
Lire la chronique du tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
7.0