Hit-Girl (2e série - 2018) 2. Hit-Girl au Canada

A près la Colombie, le Canada. Mindy a décidé d'aller y débusquer un dealer qui vient inonder New York de sa came. Près des siens, dans le Grand Nord, il se pense en sécurité. Hélas pour lui, Hit-Girl ne lâche jamais sa proie...

La nouvelle avait secoué le petit monde des comics en 2018 ; Mark Millar relançait et Kick-Ass et Hit-Girl ! Tandis que le scénariste présentait Patience Lee pour reprendre le costume de Dave Lizewski dans The New Girl, il proposait un concept plutôt attractif pour la jeune tueuse désormais orpheline. D'abord, un premier arc, en Colombie, dessiné par Ricardo Lopez Ortiz et mené par lui-même. Puis, pour chaque série de quatre épisodes, un nouveau pays et un duo (de préférence originaire du lieu visité) d'auteurs. Frank Quitely, Rafael Albuquerque, Pete Milligan, Daniel Way, Kim Jung Gi, Goran Parlov... font partie des cités.

Pour le Canada, c'est donc le régional de l'étape, Jeff Lemire, qui officie au scénario. La partie graphique, quant à elle, est confiée à Eduardo Risso (dessin) et Patricia Mulvihill (couleurs). Et force est de constater que les auteurs respectent à la perfection les principes édictés par les créateurs. Action, zigouillages en tous genres et langage fleuri, le tout sans aucune pitié ni remords. Toutefois, le scénariste ne s'éloigne pas totalement de ses marottes. Il fissure la carapace de la tueuse en appuyant sur le fait qu'elle est bien plus profondément marquée par le deuil de son père qu'elle aimerait le laisser paraître. En plus d'être une justicière impitoyable et légèrement désaxée, elle en deviendrait presque touchante.

Pour mettre en images cette dualité et l'hémoglobine inhérente au passe-temps du sujet, l'artiste argentin récite ses gammes. Des gangsters aux trognes déformés et une mise en scène étudiée, avec profusion de cases superposées, qui imprime un rythme soutenu et guide le regard vers l'essentiel. Le cadre retenu, avec ses grands espaces enneigés, est un terrain idéal pour démontrer à nouveau son aisance pour exprimer la tension et la violence en s'appuyant sur l'usage des contrastes noir-blanc. Du Russo en somme, même si la colorisation atténue quelque peu ce gros travail sur l'encrage.

Avec cet épisode canadien, Jeff Lemire et Eduardo Risso s'appuient sur les basiques d'Hit-Girl tout en y imprimant leurs pattes respectives. Une prestation qui aurait pu être marquante avec plus de pages (quatre chapitres, c'est court !) mais qui donne largement envie de découvrir Rome sous la plume et les pinceaux de Rafael Albuquerque et Rafael Scavone.

Moyenne des chroniqueurs
6.0