Hector le boucher - Adieu veau, vache et cochon !

F ils de boucher, Hector le sera aussi et même le meilleur de France ! Les décès prématurés de sa mère (un bête accident ménager) et de son père (rencontre inopinée avec une locomotive, en mobylette ça ne pardonne pas) n’ont pas entamé sa détermination. De sa Normandie natale à la capitale, il régnera sur les carcasses les plus nobles et, de New York à Tokyo, on s’inclinera devant ses coupes d’exception !

Biographie loufoque et imaginaire, Hector le boucher raconte le devenir de ce sympathique personnage au fil d’une existence bien remplie. En partant des prémices classiques du récit initiatique, KolonelChabert et Jean-Louis Djan ont imaginé une histoire ancrée dans le terroir et rythmée par la fantaisie. Hector suit son petit bonhomme de chemin et illustre par la même occasion les grands changements rencontrés par la société de consommation depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. De l’agriculture traditionnelle aux méga-fermes, de l’artisan fier de ses produits à la bouffe industrielle, les auteurs ne se gênent pas pour dénoncer les excès de notre époque (spécisme et véganisme y compris).

Ce qui pourrait, sur le papier, ressembler à une BD-documentaire se lit en fait comme un véritable roman rempli d’incidents fracassants et de révélations improbables. Et quel rythme ! Le résultat est absolument détonnant. Le mélange de l’humour façon Pascal Rabaté avec une fureur digne de Baru fonctionne à plein régime pendant quasiment les trois-quarts de l’album. Le final se montre, malheureusement, un peu en retrait malgré sa logique propre.

Le découpage affûté, la mise en page acrobatique, mais maîtrisée et les très belles couleurs signées Xavi M. Monteil embrassent avec rigueur le trait cinglant de KolonelChabert. Celui-ci offre une véritable leçon de dessin : mouvement, précision et narration fluide. L’ensemble est impeccable et véritablement jouissif.

Carnivore ou végétarien, saignant ou à point, tout le monde se retrouvera dans cette fable gastronomique on ne peut plus contemporaine.

Moyenne des chroniqueurs
7.0