Nymphéas noirs

G iverny est un musée à ciel ouvert qui cultive le souvenir de Claude Monet. Surgissant d’un passé que d’aucuns voudraient oublier, la mort s’invite à nouveau dans ce petit coin de Normandie, où le temps - suspendu dans quelques méandres – devient une prison pour trois femmes. La première songe aux jours perdus, la seconde désire donner un sens à son présent et la troisième tente de se dessiner un avenir…

Transcrire un roman, surtout à succès, demeure un exercice périlleux et prompt à susciter les comparaisons, faussant ainsi toute analyse objective.

Avec Les Nymphéas noirs Fred Duval propose une histoire intrigante autant que prenante et subtilement découpée. Huis clos champêtre au milieu d’une campagne artialisée par la présence omnipotente du chef de file de l’Impressionnisme, il s’agit avant tout d’un récit policier qui n’est pas sans rappeler par certains côtés Shutter Island. En miroir, la partition graphique de Didier Cassegrain sait éviter les fantasmes néo-impressionnistes. Dans des tonalités qui rappellent, sans les copier, la signature des coreligionnaires du maître de Giverny, le dessinateur de la turbulente jeunesse de Carmen Mc Callum dégage une réelle esthétique. Sobre et efficace, le trait semi-réaliste appuie habilement les premiers plans pour les faire ressortir d’un fond souvent de pure forme, concentrant ainsi l'attention sur l'important et laissant l'imagination se charger d'impressions...

Graphiquement maîtrisée et parfaitement écrite, cette variation immersive des Nymphéas noirs de Michel Bussi se suffit à elle-même et ne devrait pas laisser indifférents ceux qui s’y aventureront au risque d’être quelque peu troublés, lors du retour à la réalité !