Les reines de sang - Constance d'Antioche, la Princesse rebelle 1. Volume 1

T ué au combat, Bohémond II, prince de Tarente et d’Antioche laisse derrière lui une jeune épouse, Alix, et une héritière de trois ans, Constance. Accablée, l’enfant se voit rapidement enfermée et malmenée par sa mère qui s’empare de la régence et cherche à forger des alliances qui lui assureront la mainmise sur la principauté, quitte à se rapprocher du puisant émir Zengi et à favoriser l’ambitieux frère Raoul de Domfront. Mais le roi de Jérusalem, son père et aïeul de la petite princesse, ne tarde pas à s’en mêle, tant et si bien que Constance, qui a grandi isolée au milieu des complots, va se retrouver mariée à neuf ans avec un chevalier bien plus âgé qu’elle. Ainsi affranchie des griffes maternelles, elle espère pouvoir à son tour faire entendre sa voix…

Les figures de souveraines se succèdent dans la collection Les Reines de sang. Certaines ont alimenté l’imaginaire et les légendes (Cléopâtre, Aliénor, Frédégonde, Catherine de Médicis), d’autres portent des noms bien moins évocateurs, comme c’est le cas de Constance d’Antioche (1127-1163). Pourtant cette dernière a eu une destinée hors du commun et a été une pièce importante sur l’échiquier géopolitique des royaumes chrétiens du Levant, où les seigneurs francs affrontaient tant les menées de l’empire byzantin que celles des musulmans.

Jean-Pierre Pécaud (Wonderball) entreprend donc de retracer l’existence de cette princesse restée longuement prisonnière, ballotée entre les intérêts des uns et des autres et dont l’entourage masculin attendait qu’elle reste à sa place, à savoir qu’elle assure une descendance pour régner sur Antioche. Dans ce volume initial, le scénariste s’attarde sur l’enfance puis le premier mariage de la jeune femme, et met en lumière le contexte local, particulièrement épineux en ces temps de croisade. Le tableau brossé s’avère riche en éléments autant qu’éloquent, tandis que les protagonistes sont bien campés et donnent une idée du panier de crabes dans lequel évoluait l’héroïne. Si cette dernière apparaît assez effacée dans la première partie, cédant le pas devant sa génitrice et régente, Alix, elle prend de l’envergure par la suite, révélant un sens politique affirmé et un intérêt aigu pour sa ville.

Accompagnant une narration linéaire, le dessin de Gabriele Parma remplit pleinement son office. Son trait est réaliste et plutôt expressif, son découpage précis, les cadrages, variés, offrent quelques beaux plans larges mettant en valeur les paysages de cette région de l’actuelle Turquie et certains intérieurs. La colorisation de Dimitri Fogolin vient agréablement compléter l’ensemble avec ses teintes assez lumineuses.

Une entrée en matière intéressante.

Moyenne des chroniqueurs
6.0