Léo Loden 26. Fugue en rave mineure

D es parents débordés par leur carrière négligent leur ado. Tellement que lorsque ce dernier se révèle introuvable, ils ont du mal à préciser la date de sa disparition. Léo Loden, maintenant père de deux poupons, mène l’enquête, parfois accompagné de ses rejetons et même avec des traces de lait régurgité sur l’épaule. Le détective, un homme bien de son temps, s’occupe de ses enfants… surtout quand sa compagne, Marlène, ne lui donne pas le choix.

Une intrigue policière racontée en quarante-six planches est nécessairement basique. Fugue en rave mineure ne fait pas exception à la règle. Mais peu importe. Lorsque le bédéphile lit une nouvelle aventure du limier, c’est un peu comme s’il recevait des nouvelles d’un vieux copain. C’est aussi, d’une certaine façon, une occasion de prendre le pouls de Marseille, laquelle s’avère assez peu présente dans le neuvième art. L’album revêt alors des allures de documentaire. Le lecteur découvre les quartiers aisés de cette agglomération, apprend que le lycée Thiriet y forme l’élite de la jeunesse et que la métropole du Midi grignote les montagnes qui la ceinturent. Il entrevoit également qu’il y a dans cette municipalité des tensions politiques et que le dossier migratoire demeure complexe. Bref, bien qu’il s’agisse avant tout d’une série humoristique et bon enfant, Loïc Nicoloff n’hésite pas à glisser les éléments d’une critique sociale qui relègue pratiquement l’énigme au second plan.

Pour soutenir le ton malgré tout badin de l’entreprise, Serge Carrère utilise les stratégies habituelles d’une histoire qui aurait fort bien pu être publiée dans le magazine Spirou en 1964 (téléphones portables et autres icônes de la modernité en moins, cela va de soi) : gros nez, expressions faciales exagérées, onomatopées tonitruantes, gouttes de sueur en suspension, etc. Les décors sont pour leur part fidèles aux lieux présentés, du centre-ville au port en passant par la région entourant la deuxième commune de France. Enfin, la colorisation, très vive, est tout à fait dans l’esprit du projet.

Une bande dessinée sympathique et sans prétention, plaisante comme un Perrier menthe (le choix de Léo) ou un perroquet (celui de tonton Loco).

Moyenne des chroniqueurs
6.0