Donjon Crépuscule 104. Le Dojo du Lagon

T erra Amata n'est plus qu'un amas d'îlots éclatés, en orbite les uns autour des autres selon un mouvement en apparence chaotique. Seul la carte majeure dissimulée au sein du plus gros diamant du monde en connaît les arcanes. C'est dans ce contexte que Marvin Rouge part à la recherche de Zakûtu, accompagné du Roi Poussière, Pipistrelle la chauve-souris et d'une limace métronome, indispensable à la mesure du temps qui passe dans ce monde anéanti. Leur chemin passera par une île paradisiaque, dont les habitants draconiques ne semblent pas sans liens de parenté avec le Roi Poussière...

"Les règles sont faites pour être contournées, surtout celles que l'on s'impose" pourrait être le credo de Joann Sfar et Lewis Trondheim avec ce nouveau tome de Donjon Crépuscule. En effet, difficile (pour ne pas dire impossible) de raccrocher les wagons de l'intrigue sans avoir lu La Carte Majeure et Le Noir Seigneur, de la série Donjon Monster, chose bien sûr faite pour le fan (plusieurs fois même !) mais déroutante pour le profane (lire à ce sujet l'Univers du Donjon par Jim). Bien sûr, ces ramifications participent à la richesse de la saga Donjon.

Cette précision faite, c'est avec plaisir que l'on découvre un nouveau dessinateur pour la série. Ou plutôt deux, car c'est un duo qui se cache derrière le pseudonyme de Kerascoët. Forts de leur expérience sur le dessin animé Petit Vampire, l'univers de Sfar leur est donc déjà en partie bien connu. Et leur arrivée aux manettes du dessin de Crépuscule est une incontestable réussite. Très fidèle à l'esprit de la série, il s'intègre parfaitement au sein de la kyrielle de styles des dessinateurs ayant participé à l'univers du Donjon. Souhaitons leur bon vent pour les tomes à venir !

Quant à l'histoire, on ne déroge pas à la maxime en passe de devenir un proverbe : "Dans le Donjon, tout est bon !" L'intrigue, si elle prend le temps de se poser au sein d'un lagon enchanteur, ne fait pas du sur place ! Au contraire, les révélations sur le Roi Poussière pleuvent et raviront les afficionados. L'humour propre à la série est bien là (Marvin Rouge est décidément inénarrable, et ce n'est pas le seul !). De plus Sfar et Trondheim, en faisant mine de ne pas y toucher, font passer un message de tolérance en général, religieuse en particulier qu'il est bon de rappeler à une époque où le fanatisme religieux opprime encore trop d'hommes et de femmes.

Bref un excellent cru que ce Dojo du Lagon ! Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule : un Donjon Monster dessiné par Bézian devrait sortir avant la fin de l'année !