Klaus (Morrison/Mora) 1. Tome 1

K laus, un trappeur itinérant, revient dans la ville de Grimsvig. Celle-ci a bien changé depuis son dernier passage. Elle respire la peur et la souffrance. Tous les hommes valides sont contraints de travailler aux mines et le despote local a interdit la traditionnelle remise de cadeaux aux enfants lors des cérémonies pour le solstice d’hiver. Les étrangers ne sont pas non plus les bienvenus et le montagnard, témoin d'exactions, échappe de peu aux gardes qui souhaitent le battre à mort. Toutefois, poussé par les esprits de la forêt, il retourne dans la cité pour redonner le sourire aux gamins.

Offrir un passé à ce personnage mythique qu’est le Père Noël, voilà une idée intéressante ! Construire ses origines sur un fonds de super-héros et dans un contexte de fantasy médiévale, pourquoi pas, et cela peut se révéler « fun ». Le problème est que Grant Morrisson n’y va pas avec le dos de la cuillère. Les poncifs et codes du genre sont là et bien là : pas un soupçon d’originalité, pas une once de transgression pour porter ce récit. En revanche, les raccourcis et autres incohérences sont présents. Le scénariste chevronné semble avoir oublié que toute fiction, et de manière encore plus aiguë celles qui proposent un univers fantastique, repose sur la suspension d’incrédulité. Pour être maintenue, l’histoire, aussi délirante soit-elle, a besoin de vraisemblance, sous peine que le lecteur n’y croit plus et sorte de l’aventure. C’est exactement ce qui se passe ici, et c’est bien dommage car malgré cette narration plutôt faible, la partie graphique parvient, presque (le mot à son importance), à nous emmener à la dernière page avec un certain plaisir (et une grosse frustration devant un tel travail gâché). Dan Mora, nominé aux Eisner Awards pour sa réalisation sur Klaus, impressionne par son sens de la mise en scène, son aisance tant dans la construction de décors évocateurs que dans la l'exposition des protagonistes, et son application pour faire vivre les ambiances.

À part pour profiter du talent du dessinateur costaricain, ce conte ne se révèle pas féerique. Il y a des êtres qui gagnent à rester mystérieux.

Moyenne des chroniqueurs
4.5