La rivière à l'envers 1. Tomek

L 'œuvre de Jean-Claude Mourlevat (La ballade de Corbenique, L'enfant océan, Jefferson) en général et à La rivière à l'envers en particulier est souvent synonyme de qualité. Transposer en bande dessinée un des fleurons de la littérature jeunesse, régulièrement étudié en cycle 3 (CM1-CM2-6ème) dans les écoles, peut s'avérer risqué. Maxe L'Hermenier et Djet savaient donc à quoi s'en tenir et s'en tirent à merveille.

Première parution (avec Le fantôme de Canterville d'Elléa Bird) de sa collection Pépites, les éditions Jungle ! ont soigné l'objet. Le livre s'offre une belle édition (malgré quelques coquilles dans le positionnement de certains appendices de bulles) avec signet, dossier pédagogique en fin d'ouvrage et couverture travaillée. Si l'intrigue est connue - après la visite d'une jeune fille, Hannah, dans son épicerie, Tomek, un garçon de treize ans avide de voyages, décide de la suivre dans sa quête de l'eau qui rend immortel - Maxe L'Hermenier a su en saisir toute la force. Les ingrédients de cet archétype du récit imaginaire d'aventure, traitant tout autant de l'amitié, de l'amour que de la découverte de soi et du monde, sont présents dès les premières pages. L'arrivée de la jeune fille et le mystère qu'installent ses dires trouvent dans la soif de voyages du garçon, un écho parfait. L'effet recherché est atteint, l'intérêt piqué et la curiosité en éveil. Collant régulièrement aux dialogues et à la chronologie du matériau d'origine, le scénariste d'Isaline et des Improbablologies, use a bon escient d'ellipses pour imprimer un rythme soutenu sans dénaturer l'ambiance fantastique et féerique.

Les choix graphiques de Djet vont d'ailleurs dans ce sens. Le dessinateur de Croquemitaine propose des décors enchanteurs et généreux mais sans exagération ni effets trop appuyés. Une retenue présente dans ses personnages qui, bien qu'expressifs, ne tombent pas dans l'excès et restent attachants. L'artiste parvient également, grâce à son trait vif et éloquent, à symboliser les sensations qui traversent le personnage principal et les découvertes qu'il effectue au gré de sa progression dans des territoires inconnus. Pour y parvenir, il s'appuie sur une colorisation informatique qui, même si elle n'est pas des plus nuancées, reste à propos en marquant les ambiances tour à tour inquiétantes, magiques ou affectives. Son découpage, varié et dynamique, colle parfaitement au tempo de son compère. L'immersion est aisée et les pages défilent sans accro, jusqu'à la conclusion.

Avec Tomek, Djet et Maxe L'Hermenier offre une adaptation réussie au roman éponyme et une nouvelle porte d'entrée pour les lecteurs de tous horizons. Pourvu que le tome deux, Hannah, soit du même niveau !

Moyenne des chroniqueurs
6.0