Les voleurs de beauté

C 'est embêtant de tomber en panne de voiture en plein hiver et au milieu de nulle part. Ce qui l'est davantage, c'est d'être secouru par le propriétaire d'une vieille bâtisse, qui, en compagnie de sa femme et de son valet, nourrit d'autres projets beaucoup plus sombres que l'hospitalité. C''est pourtant ce qui attend Benjamin et sa fiancée Hélène à qui rien ne serait arrivé sans cette tempête de neige. Leur faute ? Être jeunes et beaux !

« La beauté n'est qu'une fleur de l'instant. » - Proverbe Français.

Beaucoup penseront et diront à juste titre que la beauté est subjective, et qu'il faut plutôt aller la chercher au plus profond de l'enveloppe corporelle. D'autres en revanche, heureusement moins nombreux, restent hantés par le culte de l'apparence, terrifiés par la certitude que leur perfection n'est qu'éphémère et que la vieillesse finira par venir à bout d'un physique qui est leur principale raison d'exister. C'est l'idée de départ du roman de Pascal Bruckner qui a été récompensé par le prix Renaudot en 1997 et dont voici son adaptation en bande dessinée. Philippe Thirault (Sanctuaire Genesis, Shanghai Dream) relaye un thriller psychologique fantastique, simple dans la compréhension de son mécanisme, et qui est éminemment compliqué à refermer une fois entamé. Entre des séances de huis clos à haute tension, des analepses inévitables et nécessaires ainsi qu'une narration à l'instant T, le lecteur est judicieusement trimbalé au sein d'un scénarimage mené tambour battant.

Minte studio appose des couleurs artificielles et volontairement ternes qui viennent renforcer l'atmosphère glaçante de l'histoire sur des planches crayonnées par Manuel Garcia. Reconnu pour la qualité de son travail sur des comics tels que Mystique, Avengers et Spectre, son coup de crayon est souvent rigoureux comme en témoignent les faciès apeurés des victimes ou encore sa très alléchante couverture. En outre, il montre ses limites et perd de son éclat sur les scènes d'action ou lorsque les plans s'amincissent.

Le suspense haletant sert un récit plaisant à suivre dans sa globalité. La désillusion de ce one shot pourra venir de l'absence d'un épilogue plus cohérent et rationnel.

Moyenne des chroniqueurs
6.0