Renaissance (Duval/Emem) 1. Les Déracinés

J ust married ! À peine le temps de célébrer leur union que Swänn et Säti, deux extraterrestres originaires de Näkän, une des planètes majeures de leur fédération, sont mobilisés par leur gouvernement pour aller épauler l'espèce humaine complètement dépassée par les bouleversements climatiques, et par conséquent, en voie d'extinction. Sur instructions hiérarchiques et au sein d'un gros contingent, le jeune couple est dispatché l'un et l'autre à l'opposé du globe. La question est de savoir comment ils vont être accueillis. L'embarquement est immédiat.

« L'humanité s'éteint, mes frères, mes sœurs... » - Message diffusé sur les radios.

Fred Duval (Carmen Mc Callum, Travis et Hauteville house) en visionnaire alarmant, anticipe sans prendre véritablement de risques sur ce qu'il pourrait bien advenir d'une Terre, laquelle, à force d'être malmenée par des civilisations insouciantes et irrespectueuses, pourrait bien finir par rendre l'âme. Partant de ce principe presque inéluctable, à l'inverse des clichés habituels et des idées reçues, l'auteur met en scène des "nakaniens" pacifistes dont les seules préoccupations et motivations ne sont pas l'envahissement et encore moins l'hostilité, mais plutôt l'apport d'une aide et le sauvetage des populations terriennes en périls. Renaissance appuie là où ça fait mal puisque l'accent est mis sur une confrontation abrupte, qui une fois de plus et sans aucune exagération, souligne la stupidité et l'agressivité de l'espèce humaine. L'autre originalité du scénario réside dans la narration qui est faite par les deux acteurs et leurs congénères, ce qui permet au lecteur d'apprécier leur culture et mode de vie, ainsi que de prendre également le recul nécessaire pour analyser les événements dramatiques décrits.

L'album s'ouvre sur des couleurs éclatantes assises sur des décors variés et envoutants. Mathieu Ménage dit «Emem» (Carmen Mc Callum, Jour J) semble par endroits avoir négligé quelques détails qui auraient donné un peu plus d'envergure à ses planches, notamment sur certains arrière-plans. Dommageable également, le manque de forme singulière des étrangers venus à la rescousse, et dont l'apparence physique est semblable à l'espèce humaine. Néanmoins, que ce soit à travers l'univers martien ou celui du monde ravagé par les éléments, bien secondé par Fred Blanchard en charge du design, le graphisme demeure très plaisant à parcourir et procure un indéniable dépaysement visuel.

Les déracinés, premier acte d'une trilogie, se contente d'une bonne entrée en matière, mais aura besoin de rebondissements pour étoffer sa trame et susciter davantage l'engouement.