Œdipe

L ’oracle l’a annoncé : l’héritier thébain causera la chute du royaume. Nourrisson vagissant, il est condamné à être exposé aux bêtes sauvages sur le mont Cithéron. Cependant, le bon cœur d’un berger lui vaut de devenir le fils adoptif des souverains corinthiens. Adulte, il est un prince apprécié jusqu’au jour où ses origines sont mises en cause. Il s’adresse alors à un devin qui lui apprend qu’il finira par tuer son père et épouser sa mère. Horrifié, il quitte sa cité, se querelle en chemin avec un noble et l'élimine. Puis, il parvient à Thèbes où il détruit le monstre qui terrorise la ville et accède au trône en se mariant avec la veuve du roi, fraîchement assassiné par un bandit. C’est ainsi que se noue irrémédiablement le sort d’Œdipe.

Née en Grèce, la légende entourant la tragique destinée du rejeton de Laïos et Jocaste a inspiré dramaturges, artistes, philosophes et psychiatres, tel Sigmund Freud qui en a tiré la théorie d’un complexe bien connu. Sous la houlette de Luc Ferry, directeur de la collection La sagesse des mythes aux éditions Glénat, l’héroïque autant que malheureux tombeur de la sphynge revient sur le devant de la scène grâce au duo formé par Clothilde Bruneau et Diego Oddi.

Dans la lignée de son travail scénaristique sur Antigone, L’Iliade, L’Odyssée ou encore Jason, la première colle au plus près de l’histoire de l’homme aux pieds enflés, telle qu’elle a traversé les siècles grâce à la tradition. Ainsi, le récit débute dans la chambre royale à Thèbes où se prend la décision initiale qui amènera Œdipe à tout ignorer de ses vrais parents et qui a enclenché la succession de circonstances aboutissant à la terrible révélation de ses origines, de son crime et de son inceste, pour se terminer à Colonne où, aveugle, il est enfin délivré de cette vie cruelle. Tout est donc respecté à la lettre. Néanmoins, la narration se déroule un peu platement et manque du souffle épique ou, justement, dramatique qui sous-tend ce conte fondateur. La faute, peut-être, à un propos relativement linéaire, un héros certes intéressant mais apparaissant assez naïf. Ainsi, le lecteur reste à distance, se contentant d’être un spectateur éprouvant de la pitié pour un être englué dans une fuite inutile loin d’une prédestination qui s’accomplit tout de même, sans vibrer toutefois aux affres vécues par les protagonistes.

Au dessin, Diego Oddi livre des planches de bonne qualité, aux plans et cadrages variés. Les vues architecturales extérieures, en particulier celles de Thèbes, se révèlent riches en détails et précises, tandis que les personnages sont bien caractérisés et expressifs. Les couleurs de Ruby soutiennent harmonieusement et agréablement le graphisme. Enfin, clôturant l'album, l’intéressant dossier de huit pages signé Luc Ferry constitue un plus indéniable.

Un one-shot qui en apprendra peu aux connaisseurs de la mythologie, mais qui peut servir de base à d'autres, curieux de la découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
5.0