Alix 37. Veni Vidi Vici

C hargés par César d’acquérir des manuscrits pour son projet de grande bibliothèque à Rome, Alix et Enak s’activent à Samosate (Asie Mineure). La mort de Pompée est encore dans tous les esprits et le calme qui règne sur la région n’est que très apparent. Le fourbe Arbacès en personne aurait même été aperçu dans les bas-fonds de la ville…

La franchise chère à Jacques Martin change une fois de plus d’équipe. L’inattendu David B. est en charge du scénario et Giorgio Albertini des dessins. Soixante-dix ans après sa première apparition, Alix court toujours l’aventure. Plus facile à dire qu’à faire. L’auteur de La lecture des ruines a choisi la voie du retour aux fondamentaux sur le fond et d’une modernisation du ton. Les récitatifs redondants disparaissent et les dialogues sont plus piquants (merci Enak). Pour habiller ce cadre simplifié, le scénariste a posé une toile historique particulièrement soignée. Tout irait mieux chez les amateurs de BD classique, si ce n’était l’intrigue. En effet, celle-ci s’avère ordinaire et passablement nébuleuse par moments. Obnubilé de pouvoir animer ces personnages mythiques, David B. en a oublié de proposer un récit vraiment prenant.

La formation de dessinateur scientifique d’Albertini était la promesse d’une reconstruction précise et léchée. C’est le cas dans une certaine mesure. Décors, bâtiments, statuaire et costumes sont parfaitement rendus. Par contre, le résultat est nettement moins convaincant au niveau des protagonistes et de la mise en scène générale. Abus de gros plans zoomés, vignettes microscopiques surchargées (le découpage parfois démentiel en six bandes y est pour beaucoup) et une impression de flottement des corps rendent la lecture pénible. Heureusement, les très belles couleurs de V. Belardo et V. Moscon donnent un peu tenue à l’ouvrage.

Jules est venu, a vu et a vaincu, ce trente-septième tome s’égare et se perd au fil des pages. Veni vidi vici est un album décevant faisant pâle figure face aux œuvres qui le précèdent.

Moyenne des chroniqueurs
2.0