Renée Stone (Une aventure de) 1. Meurtre en Abyssinie

E n 1930, la romancière Renée Stone se rend en Éthiopie à l’occasion du sacre de Haïlé Sélassié. La jeune aventurière, qui n’a pas froid aux yeux, a tôt fait de rencontrer John Malowan, un spécialiste des langues disparues au tempérament introverti. Puis elle croise Alfred Thezuger, un agent secret britannique, dont elle s’éprend. Le trio est rapidement mêlé à un trafic d’objets antiques.

Après avoir fréquenté Pablo Picasso et Isadora Duncan, Julie Birmant délaisse la biographie et se lance dans un récit établi au cœur de l’Afrique, dont le ton rappelle celui de Tintin, Freddy Lombard ou encore Théodore Poussin. Il s’y trouve du mystère, de la romance, des trahisons, des fausses pistes, des rebondissements quasi rocambolesques, des secrets de famille, des héros et des antihéros… Bref, l’auteure maîtrise bien la mécanique du roman d’aventure populaire. Les intrigues secondaires se multiplient, les personnages sont nombreux et les retours dans le passé fréquents ; cela dit, l’écrivaine arrive à conserver la limpidité de l’entreprise. L’histoire d’amour (pour le moment unidirectionnelle) entre les protagonistes, sans constituer un réel fil conducteur, structure la narration en agissant comme un leitmotiv.

Le coup de crayon semi-réaliste de Clément Oubrerie demeure agréable. Les acteurs sont expressifs, notamment l’archéologue qui affiche systématiquement un air terrorisé, surpris ou décontenancé. L’artiste excelle également dans la représentation des indigènes et des artefacts mésopotamiens pour lesquels il adopte un trait précis. Le découpage est régulier : quatre bandes accueillant souvent deux cases. L’illustrateur défie tout de même fréquemment cette structure « gaufrière ». Par exemple, une page particulièrement réussie présente l’héroïne grimpant avec difficulté dans un arbre ; la construction se fait alors vacillante, les vignettes prennent des formes trapézoïdales et instables afin que le lecteur ressente toute la précarité de la situation. Enfin, chapeau à la couverture en forme de pastiche d’affiche de cinéma de style « pulp » qui, du premier coup d’œil, donne le ton de l’album.

Comme dans tout bon feuilleton, le chapitre se conclut sur une révélation ouvrant la porte à un prochain épisode. Le tandem mettra-t-il la main sur le trésor d’Assurbanipal ? Pour le savoir, il faudra lire Le piège de la mer rouge.

Moyenne des chroniqueurs
7.0