Moriarty (Miyoshi) 1. Tome 1

D ans le Londres florissant du 19ème siècle, il est bon de s'afficher comme une âme charitable. C'est ainsi que William et Louis se retrouvent adoptés par une famille aisée, les Moriarty. Loin des considérations altruistes, ce geste ne constitue qu'un devoir de piété dévolu aux classes supérieures. Si les parents marquent de manière ostentatoire leur mépris pour les orphelins, Albert, le fils aîné, voit en eux le moyen de renverser ce système de valeurs qu'il déteste. En effet, il ne supporte plus cet orgueil déplacé et l'injustice flagrante qui pèse sur le peuple, nettement plus méritant. À eux trois, les jeunes gens vont mettre leur position et leur intelligence en commun afin de détruire cette hiérarchie sociale odieuse.

Toujours cité par rapport à son plus grand adversaire Sherlock Holmes, William Moriarty se voit ici le héros de cette nouvelle série. Ryôsuke Takeuchi (All You Need is Kill) invente donc la jeunesse de ce mystérieux «vilain» dont l’égo n'a rien à envier au fameux détective. Après une partie introductive, des «affaires» se succèdent, situations au cours desquelles le lecteur découvre le génie machiavélique de William. Avec l'aide de ses frères, celui-ci va s'employer à réaliser le crime parfait contre les fortunes du pays abusant de leur pouvoir, réalisant ainsi leur revanche sur le régime. Ce premier tome suit donc un schéma répétitif mais qui prend un sens réel, l'opposition entre les deux ennemis imaginés par Conan Doyle : l'attachant narcissique et le malfaisant philanthrope. Le caractère des personnages est fort et intéressant mais parfois un peu poussif, impactant la crédibilité de l'intrigue. À voir si les prochains épisodes gagneront en subtilité, ce que laisse supposer l'arrivée de nouveaux complices.

L'esthétique du dessin est irréprochable, peut-être trop car Hikaru Miyoshi dépeint les protagonistes de manière belle et séduisante et propose une reconstitution de l'Angleterre victorienne très agréable, très propre, atténuant cependant de ce fait l'impact sombre voulu par le scénario.

Sortant de l'ombre, celui que personne n'apprécie pourrait se révéler aussi brillant et charismatique que son illustre rival. Moriarty éclipsant Sherlock ? Un début qui intrigue, sans toutefois passionner pour le moment.

Moyenne des chroniqueurs
5.0