Deux ans de vacances (Brrémaud/Chanoinat/Hamo) 2. Chapitre 2/3

L es semaines et les mois passent pour les jeunes naufragés du Sloughi. Leur ingéniosité et une certaine part de chance leur ont permis de trouver un refuge convenable et somme toute confortable. Au niveau intendance, les fines gâchettes de la bande, le prétentieux Doliphan en premier lieu, garantissent de la nourriture fraîche. Tout irait donc pour le mieux si ce n’était d'inévitables tensions entre les différentes factions du groupe et le fait d’être totalement perdus quelque part au milieu de l’Océan Pacifique.

Même si ses mots ont été largement retravaillés pour le passage en bande dessinée, Jules Verne reconnaîtrait certainement ses héros et le ton général de son œuvre. Par contre, bien obligés de condenser les descriptions et de tailler dans les péripéties, Frédéric Brrémaud et Philipp Chanoinat ont dû cravacher ferme pour tout « caser » sur quarante-quatre pages. Résultat, la narration souffre quelque peu. À la fois haché et mené sur un tempo asphyxiant, le découpage ne laisse pas énormément de place au développement des personnages et aux petits incidents qui ponctuent l’acclimatation de ces adolescents à cette terre inconnue.

Orienté jeunesse, Hamo a imaginé une distribution de gamins aux bouilles rondouillardes. Ces physionomies font penser à d’autres survivants, ceux de Seuls de Bruno Gazzoti. La comparaison s’arrête évidemment là tant le type d’aventure et de suspens sont différents entre les deux séries. Lisse, à la limite disneyen, le dessinateur n’a pas pris de risque et a préféré composer des planches d’une approche très directe. Les émotions sont surjouées et les moments forts montrés d’une manière qui ne laisse aucun doute sur le rôle de chacun. L’ensemble est néanmoins fort bien réalisé, mais peinera à générer beaucoup d’enthousiasme en dehors de son public cible.

Classique et très calibré, ce second chapitre (sur trois) de Deux ans de vacances remplit sa part du contrat. Cependant, un peu plus d’originalité dans la manière ou un véritable parti pris dans l’adaptation n’auraient pas été de trop pour dépoussiérer ce sympathique texte du répertoire.

Moyenne des chroniqueurs
5.5