Jackal

J ackal accompagne Scarlett en tant que garde du corps. La jeune femme est sur les traces d’un trésor qui lui permettrait de sauver la vie de son père. Malheureusement, leurs pas vont croiser ceux de Nasha, une Navajo réduite à la condition d’esclave qui ne rêve que de revanche, et de Jeremiah Jonhson, le marshal du coin, célèbre tueur d’indiens. Le cocktail appât du gain, vengeance raciale et déséquilibres psychologiques va se révéler plutôt relevé et amer…

Philippe Thirault vous invite dans une histoire horrifique bien réalisée dans laquelle le fantastique est absent. Pas besoin de monstres sortis de légendes ou de l’esprit d’un auteur imaginatif pour provoquer des frissons, l’humanité porte en elle son lot de laideur et d’abjection tout aussi efficace (voire plus). S’inspirant de la légende de John "liver-eating" Jonhson (de son vrai nom John Garrison) qui aurait livré une vendetta contre les indiens Crow et mangeait le foie de chacune de ses victimes, le scénariste articule son récit autour d’un mercenaire, d’un tueur en série et de seconds rôles convaincants. Inscrivant également en toile de fond le traitement des Amérindiens, le déroulement s’avère assez prenant, même si les personnages n’attirent pas beaucoup de sympathie, grâce à une excellente gestion du rythme, des rebondissements et de la tension.

Le dessin réaliste de Brice Bingono participe pleinement à la narration. Son travail sur les niveaux de gris a un rendu « sale » qui colle parfaitement à l’atmosphère moite de l’aventure. Les « gueules » expressives, les cadrages bien choisis, l’efficacité des scènes d’action participent au plaisir et contrebalancent quelques soucis de netteté et de lisibilité de certaines cases et séquences.

Jackal a tout de la série B bien fichue.

Moyenne des chroniqueurs
6.0