Méto 1. La Maison

C oupés du monde extérieur, une soixantaine de jeunes garçons sont retenus prisonniers à l'intérieur d'une grande bâtisse, elle-même perchée sur un îlot perdu en pleine mer. Ils n'ont aucun souvenir de leur passé et ignorent tout des raisons pour lesquelles ils subissent, chaque jour, un entrainement sportif poussé, sont soumis à des piqures douloureuses ainsi qu'à une alimentation contrôlée. Méto, l'un d'entre eux, est chargé de former un nouvel arrivant à ces règles drastiques imposées par leurs gardes-chiourmes. Obéir aveuglément et subir sans broncher afin d'éviter au mieux le «frigo» ou au pire de disparaître définitivement, en attendant peut-être d'avoir un jour une opportunité d'évasion. Parce qu'il faut tout faire pour quitter la maison.

La trilogie culte Méto initialement écrite et publiée en 2008 par Yves Grevet a été vendue à plus de 100 000 exemplaires et traduite en huit langues. Récompensé par un grand nombre de prix littéraires, ce récit d'anticipation proche des univers de Labyrinthe ou encore de The promised Neverland, se contente dans ce premier tome de planter le décor et de présenter les différents acteurs. Dans ce qui s'apparente à un pensionnat carcéral, les journées se suivent et se ressemblent, orchestrées par des consignes très strictes. Lylian (La quête d'Ewilan), le scénariste, parvient à retranscrire fidèlement une atmosphère oppressante semblable à un huis clos ; le registre et le rôle de chaque groupe, qu'il soit composé d'adolescents captifs ou de leurs geôliers, sont parfaitement décrits. Affublés de noms célèbres issus de la Rome antique et détenus pour une durée maximale de quatre à cinq années, ces mioches désemparés se retrouvent à la merci et sous le joug de surveillants intransigeants et principalement occupés à suivre de près leurs croissances. Le rythme soutenu au service d'une intrigue dévoilée doucettement ne relâche pas son étreinte et pourra convenir à tous les publics.

Pour sa nouvelle collection Young Adult Log-in, Glénat réussit une belle entrée en matière. Souvent accompagné de nuances principalement sombres, le dessin de Nesmo (Ronces - Univerne), à première vue minimaliste, colle idéalement au climat angoissant de cette histoire : dortoirs et cellules glauques, pièces à vivre dépourvues de fenêtres et vêtements uniformes qui rappellent les horribles tenues des déportés. Un effort sur les traits et expressions des personnages aurait comblé cases et planches.

Enfermé dans cette maison qui laisse suffisamment d'interrogations, l'esprit du lecteur est séquestré par un scénario réellement aguichant. En attendant impatiemment le second tome l'île, nul autre choix que d'abandonner le jeune héros à son triste sort : "Méto", boulot, dodo !

Moyenne des chroniqueurs
8.0