Panique au zoo Panique au zoo - Une enquête de…

M esdames, mesdemoiselles et messieurs bienvenue dans le plus grand zoo à vocation éducative et exclusivement géré par ses pensionnaires ! Chaque jour, mammifères, oiseaux et reptiles offrent à leurs visiteurs des représentations qui retracent leurs propres modes d'existence à l'état sauvage. Un beau matin, avant que les grilles ne s'ouvrent sur la visite des premières classes, Oryctérope le directeur est contrarié et tracassé : il faut mettre la patte sur le râble de l'auteur de tags et surtout, plus ennuyeux, comprendre comment et pourquoi certaines espèces ont changé subitement d'apparence. Pour suppléer Mr Kong et son service de sécurité, il lui faut l'appui des détectives Castor Burma et Poulpe.

«Je veux vous voir sortir le grand jeu : on s'épouille, on tire la langue et, au besoin, on s'gratte le cul. Je veux que les petits rigolent à s'faire péter les amygdales !»

Avec un bestiaire en autogestion hiérarchisé selon le modèle humain, une enquête prenante à suivre, un dénouement inventif, des dialogues et des répliques moelleuses, l'imagination fertile de Frédéric Bagères séduit le lecteur. Son talent de narration amplement salué dans le vendangeur de Paname distribue au sein de cette zoologie une ribambelle de clins d'oeil. Est-ce à dire qu'il aurait été influencé par Nestor Burma et, dans un registre similaire, par les enquêtes de Gabriel Lecouvreur alias «le Poulpe» publiées aux éditions Baleine ? Probable quand on observe les deux investigateurs choisis pour camper les rôles principaux et qui présentent à cette occasion des caractéristiques à peu près identiques : flegme et esprit de déduction pour l'un, bougeotte et perspicacité pour le second. Terry Pratchett et ses célèbres annales du Disque-monde sont également honorées sous la forme d'une allusion que les plus aguerris sauront dénicher.

Marie Voyelle (Une journée avec Bérengère Krief) a pris le taureau par les cornes ! Elle parvient à brosser avec élégance et habileté une ménagerie dense et cocasse de même qu'un parc animalier aussi vrai que nature. Conséquence, le rendu est totalement bluffant et à la hauteur des attentes, car loutres-épics, serpent-pie-thon et autres bestioles de la savane ou aquatiques sont crayonnées avec un juste équilibre entre satire et réalité. Et les yeux ne focalisent pas uniquement sur les personnages cadrés mais se délectent également des nombreux détails qui ornent ses cases et ses planches.

Minute papillon ! Si les ours mal léchés et les têtes de cochons pensaient avoir tout lu sur le thème de l'anthropomorphisme et être encore les dindons de la farce, qu'ils se rassurent : punaise, avec son scénario succulent et son dessin bourré de goguenardise, Panique au zoo n'est pas piqué des hannetons . Bien au contraire, c'est une chouette bande dessinée.

Moyenne des chroniqueurs
7.5