Jimmy's Bastards 1. On va s'faire papa

E n plus d'être est un chaud lapin avéré, Jimmy Regent est avant tout l'espion «number one» au service du Royaume-Uni. Après avoir pulvérisé un groupe de terroristes islamiques, explosé le crâne sous cloche d'un hybride singe-clown et règlé le compte à son vieil ennemi théophlius Trigger, voilà que le MI-6 le sollicite de nouveau. Pas le temps d'aller cajoler une nouvelle pépée à forte poitrine puisqu'une secte bien structurée sème le désordre et la panique au sein de la capitale londonienne. Objectif : attirer le serial lover dans ses filets pour lui faire la peau une bonne fois pour toutes. Allez, un dernier câlin avant d'y aller...

On ne présente plus Garth Ennis auteur sulfureux et à succès d'Hellblazer et Preacher et qui à travers Jimmy's Bastards ne fait pas dans la poésie. Pastiche ultra violente et déjantée de 007, son (super) héros Jimmy Regent, séducteur insatiable, est un drôle de numéro beaucoup plus proche du matricule 069 que celui de Bond. Sous le charme, les femmes tombent comme des mouches à ses pieds, voire un cran au-dessus. L'intrigue est prépondérante : délirante et basée sur une idée simple et prodigieuse, elle est auréolée de nombreuses scènes d'action, la plupart ponctuées par des flots d'hémoglobine additionnés à des échanges verbaux souvent salaces et humoristiques. Les dialogues parfois empreints de réflexions pertinentes sur la société et son mode de fonctionnement ajoutent de l'intérêt à ce premier tome caustique et savoureux intitulé On va s'faire papa. Il regroupe les cinq premiers chapitres initialement parus en 2017 chez AfterChoc comics relayés ici par la toute jeune maison d'édition Snorgleux.

Le trait de Russ Braun (Fables) est en totale phase avec l'histoire. En livrant en permanence une grosse densité visuelle, sa faculté à retranscrire avec brio une ambiance totalement délirante est impressionnante. Que ce soit sur les acteurs, les lieux ou les grosses bastons, les plans et les prises de vues diffèrent régulièrement sur un découpage dynamique offrant à l'ensemble une dimension supplémentaire. L'espion coureur de jupons est savamment représenté avec brushing a la Roger Moore, complet tiré à quatre épingles, sourire Ulta Brite, rendant l'espion charismatique et séducteur jusqu'au bout de ses mocassins. Pièce maîtresse de l'album, la femme est caricaturée en objet du désir qui réveillera le mâle primaire qui sommeille au fond de chaque lecteur.

La brutalité de certaines cases pourra légitimement heurter les plus jeunes et ira éventuellement jusqu'à scandaliser les plus chastes. Quant à ceux qui ne s'inscrivent pas dans ces catégories, ils découvriront à n'en pas douter une oeuvre qui sort des sentiers battus pour y prendre beaucoup plaisir.

Moyenne des chroniqueurs
6.5