Cannibal 1. Tome 1

F loride, comté de Willow. Un coin des États-Unis où les habitants se promènent en 4 x 4 avec leurs armes. Comme partout, tous craignent les cannibales. Ces créatures sont semblables aux zombies, à quelques différences près : elles restent conscientes, ne râlent pas et ne portent pas de vêtements en loques. Il est donc impossible de les reconnaître, jusqu’à ce que l’un mange son voisin. Une fois rassasiés, ils sont habituellement envahis par les remords. Les autorités, dépassées par la situation, réagissent peu. La nature ayant horreur du vide, les gens règlent le problème eux-mêmes et les policiers ferment les yeux. C’est ce que font les frères Grady et Cash Hansen ; ce dernier est d’ailleurs passablement énervé alors que sa fiancée, Jolène, est portée disparue, au moment même où surviennent les premières attaques dans son village.

Le récit repose sur la recherche de la bien-aimée d’un des protagonistes ; mais dans les faits, les auteurs, Brian Buccellato et Jennifer Young, présentent plutôt une atmosphère. Une Amérique profonde, des vies de misère, beaucoup d’alcool, de la violence, du sexe crado et des enfants de 14 ans qui travaillent dans un bar. Dans ce cadre, les affamés demeurent accessoires. De fait, ils chamboulent à peine ce microcosme. Tout au plus ils exacerbent les passions et les valeurs d’extrême droite, ils donnent un prétexte à ces individus pour qui le gouvernement est une structure inefficace alors que l’autojustice permet de résoudre les choses vite et bien.

Le dessin de Matias Bergara tient la route. Les personnages et les décors sont très réalistes afin que le lecteur s’identifie (du moins en partie) à cet univers, avant de le plonger dans la terreur. Il y a du reste peu de lumière dans ces illustrations, un peu comme si les ténèbres s’abattaient sur le monde. Le découpage des planches se révèle dynamique et la disposition des vignettes audacieuse. Le pinailleur note tout de même les nombreux espaces vides, par exemple lorsqu’une case de taille moyenne est centrée avec rien autour.

Un mélange de Walking Dead et de True Blood, joliment mené.

Moyenne des chroniqueurs
7.0